AD INFINITUM | Entretien avec Melissa Bonny

A l’occasion de la sortie prochaine du nouvel album du groupe power/symphonic metal AD INFINITUM intitulé Chapter II – Legacy, j’ai pu discuter avec la chanteuse Melissa Bonny qui m’a accordé une interview début octobre.

Interview de Melissa Bonny, chanteuse du groupe power metal symphonique Ad Infinitum
Crédit : Nat Enemede Fine Art

Bonjour Melissa, et merci de m’accorder un peu de ton temps pour cette interview ! Tu es ma première interview pour Long LIVE Metal et j’en suis très honorée !

AD INFINITUM est sur le point de sortir un nouvel album, Chapter II – Legacy, le 29 octobre, seulement un an et demi après le premier album, Chapter I – Monarchy. Vous avez même pris le temps entre les deux de réenregistrer le premier en version acoustique, intitulé Chapter I Revisited ! Comment expliques-tu ce rythme si soutenu ? 

C’est vrai que ce n’était pas prévu comme ça au début du groupe. Mais en 2020, on s’est rendu compte qu’avec la situation mondiale et la pandémie, ça ne suffisait pas de juste sortir notre premier album et d’attendre que les concerts reprennent. On a beaucoup réfléchi, on s’est demandé ce qu’on pouvait faire pour continuer de promouvoir le groupe sans avoir la possibilité de monter sur scène. Puis nous avons commencé par créer beaucoup de contenu en ligne pour continuer à toucher les gens à travers le monde. On a commencé à travailler sur notre album acoustique et puis on a enchaîné vers la production du deuxième album. Ne sachant pas quand on pourrait partir en tournée, on voulait continuer sur notre lancée pour ne pas laisser retomber l’engouement qu’a suscité notre premier album. 

Vous avez donc réussi à trouver rapidement de l’inspiration pour le nouvel album, à peine sortis de la composition du premier ! 

Oui, il faut dire qu’on a eu beaucoup de temps durant cette période ! On s’est tous mis à composer des démos, puis à se les partager au sein du groupe. Cela s’est fait naturellement. On a travaillé pendant 7 ou 8 mois sur les démos avant d’entrer en studio.

Est-ce qu’avec le succès du premier album et l’attente des fans, vous avez ressenti plus de pression en composant cet album ?

Oui, clairement ! On ne s’attendait pas à un tel enthousiasme pour notre premier album. Quand on a commencé à travailler sur le deuxième, on s’est dit que l’on devait faire au moins aussi bien voire mieux. On a passé beaucoup plus de temps à tout peaufiner dans les moindres détails, que ce soit la musique bien sûr, mais aussi tout ce qui touche aux vidéos, à la promotion… Nous avons tous investi beaucoup d’énergie dans cet album, au final on est très fiers et contents. On espère que ceux qui ont aimé le premier album apprécieront aussi le deuxième ! 

A propos de la composition, est-ce qu’avec l’expérience du premier album, les choses ont semblées plus faciles ? Vous êtes plus sûrs de vous ?

Les deux albums ont été appréhendés de deux manières totalement différentes. Pour Chapter I, j’ai commencé toute seule avec un producteur. Il était destiné à être un album solo, et puis les autres musiciens m’ont rejoint. J’avais un avis extérieur avec le producteur, et moins d’implication de la part de mes collègues. Pour le deuxième album, on a décidé de se passer de producteur et de nous faire confiance. On s’est juste dit qu’il fallait faire attention à ce que l’album soit cohérent et que les chansons sonnent vraiment comment étant issues du même album. C’était ça le challenge. Au final, je dirais que le deuxième album sonne comme une évolution du premier.

Peux-tu nous parler du titre “Unstoppable” ? Pourquoi l’avoir choisi comme premier single ?

Déjà à la base, ce titre “Unstoppable” était juste le titre de travail de la démo. Et puis on a trouvé qu’il sonnait assez catchy et qu’il véhiculait un message positif. Même au stade de démo, on savait que la chanson serait un single, et que c’était potentiellement le meilleur titre pour présenter le nouvel album et le nouveau son du groupe.

Vous avez sorti depuis un deuxième single, “Afterlife” en featuring avec Nils Molin du groupe Amaranthe. Comment s’est décidée cette collaboration ?

On devait partir en tournée avec Dynazty, son autre groupe, au moment de sortir notre premier album, chose qui ne s’est pas faite. En fait, Ad Infinitum et Dynazty ont sorti un album plus ou moins au même moment. Au départ, on voulait juste sortir un single entre deux albums pour promouvoir les deux groupes et offrir quelque chose de sympa aux fans. Finalement, ça ne s’est pas fait et on a enregistré notre album acoustique. Mais en gardant dans un coin de nos têtes l’idée de travailler avec Nils, qui est un chanteur incroyable et un très bon musicien. Maintenant c’est fait, on trouvait ça sympa d’offrir ce petit truc en plus aux fans qu’est le featuring.

Parles-nous des influences que vous avez intégrées à cet album. Je pense au titre “Your Enemy” qui est plutôt metalcore ! 

Oui ! Mais ça s’est fait naturellement. Chacun apporte aux groupes ses propres influences. Par exemple Niklas Müller (batterie) et Adrian Thessenvitz (guitare) adorent des groupes comme Vola,  Sleep Token, Gojira… pas mal de groupes “metalcore” comme tu dis mais aussi beaucoup d’autres groupes plus extrêmes. Le tout était d’intégrer ces influences avec équilibre. Je pense que cela se ressent que l’on a ajouté des touches supplémentaires.

Dans un autre genre, il y a le titre “My Justice, Your Pain”, qui est assez surprenant avec sa vibe très rock. 

Ah oui ! C’est une de ces chansons qui nous fait dire “ça passe ou ça casse” ! Quand on a écouté la première démo écrite par Niklas, au début on ne s’est pas rendu compte, on la trouvait juste géniale. Au fil des écoutes, on a réalisé à quel point elle était différente. En fait, elle a été assez difficile pour moi, car j’avais enregistré plusieurs voix pour cette chanson, et je ne savais pas laquelle choisir pour lui rendre justice. D’ailleurs, c’est la seule chanson pour laquelle on a reçu une aide extérieure. Jacob Hansen a écrit quelques lignes vocales. Mais je me suis chargée du reste, comme les paroles et les screams. 

Personellement, je l’aime vraiment beaucoup cette chanson ! Venons-en au thème de l’album. Après la cour de Versailles dans Chapter I – Monarchy, nous changeons d’ambiance puisque vous avez choisi d’évoquer Vlad l’Empaleur, dit Dracula. Comment se passe le choix de ces personnages historiques ?

Ce sont des personnages qui m’ont fascinés. Quand on travaille sur un album, on est obligé de choisir un thème ou un personnage qui nous intéresse, sinon ce serait pas très marrant ! Il y a beaucoup de recherches à faire pour écrire les textes. Pour Louis XIV, j’avais déjà les connaissances acquises à l’école, et puis la fascination qu’il m’inspirait à travers des films ou documentaires. C’était un choix assez facile. Pour le deuxième album, Vlad l’Empaleur nous a semblé être parfait. C’est un personnage très intéressant : pour certaines personnes, il est un héros national. Pour d’autres, il est un  tyran. Et quand on l’appelle Dracula, il est un vampire. Cela donne 3 angles de vue différents, de quoi avoir de la matière pour l’album ! C’est une source inépuisable d’inspiration.

Est-ce qu’en réfléchissant au thème de Chapter II, vous avez mis des idées de côté pour un futur Chapitre III ?

Pas encore ! Même si c’est vrai que pleins de gens maintenant commencent à envoyer des idées ! 

En attendant d’écouter enfin l’album, les fans peuvent interagir avec vous via les réseaux sociaux, Discord, ou encore ton Patreon. On voit aussi de plus en plus de groupes sur Twitch. Bref, avec la pandémie, il a fallu trouver d’autres moyens d’être en contact avec les fans…et de gagner de l’argent. Quel regard portes-tu sur tout cela ? 

Alors moi personnellement, je suis sur Patreon : ça m’a sauvé. On a eu tellement de boulot ces deux dernières années, et même avant… Je travaille tous les jours pour le groupe, que ce soit de la création ou de l’administratif, etc. Sans Patreon, ça aurait été inimaginable de continuer. Il aurait fallu trouver un petit boulot à côté, tout en faisant de la musique… Impossible d’avoir le même rythme de travail. Il y a aussi des plateformes comme Twitch qui sont intéressantes, où tout est plus sur le moment car en direct. Ce que j’aime avec Patreon, c’est qu’il y a vraiment une communauté qui s’est créée et qui suit mon travail. Je trouve ça plus sécurisant.

Tu penses que l’engouement pour ces plateformes va perdurer avec le temps, quand les tournées reprendront, que tout sera “comme avant” ?

Oui, ça existait déjà avant la pandémie, donc ça continuera aussi après ! Ça risque forcément de changer pour les musiciens qui sont en live sur Twitch deux ou trois fois par semaine, en tournée ils ne pourront pas streamer autant. Mais je vois de plus en plus de musiciens qui utilisent Twitch carrément pendant leurs concerts, pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer. On peut imaginer de nouvelles façons d’utiliser cette plateforme…

Melissa Bonny, chanteuse d'Ad Infinitum
Photo : Nat Enemede Photography

Sans transition, parlons un peu de ton travail en dehors d’Ad Infinitum. Tu viens de collaborer avec Mortemia, un projet de Morten Veland (Sirenia), sur le titre « Devastation Bound”. 

Morten Veland a ce projet solo où il invite des chanteuses (pour l’instant en tout cas, je ne sais pas s’il y aura des chanteurs) de metal. C’est un univers que j’aime beaucoup. J’ai découvert le projet à travers les premières chansons, c’est à dire celles avec Madeleine Liljestam (Eleine) et Marcela Bovio. Quand Morten m’a contacté, j’étais super contente, j’ai beaucoup aimé la chanson quand il me l’a présentée. J’étais vraiment ravie de participer.

Tu as aussi un autre groupe, The Dark Side Of The Moon, dont le premier morceau a été dévoilé en août, une reprise de Jenny of Oldstones (Bande originale de la série Game of Thrones). Allez-vous nous présenter d’autres choses prochainement ?

Tout à fait, on travaille actuellement sur un album qui sortira probablement en 2023… C’est un projet encore frais, mais on travaille sur des reprises de musiques du cinéma, de jeux vidéos, de séries, mais on a aussi quelques chansons originales. Ce n’est pas un projet destiné à partir en tournée, tout simplement parce qu’on est tous très impliqués dans d’autres groupes : Morten est avec Amaranthe, Hans et Jenny avec Feuerschwanz, et moi avec Ad Infinitum. On est très occupés, mais on prend beaucoup de plaisir à transformer ces morceaux en chansons metal, à retravailler ces classiques pour leur donner une nouvelle vie. 

C’est quelque chose que tu aimes, revisiter des chansons, les explorer pour les présenter différemment, comme tu as pu le faire par le passé avec l’album acoustique d’Ad Infinitum…

Oui, pour The Dark Side of The Moon, c’est Hans qui fait le gros du travail en transformant les instruments, en apportant de côté metal aux chansons, avec Morten aussi. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup aimé travailler ma voix et apporter ma propre touche. 

En attendant de découvrir tout cela, on pourra tous bientôt apprécier le nouveau Ad Infinitum ! A part la sortie de l’album, as-tu des choses à annoncer ?

Alors il y aura bientôt un nouveau single, le 26 octobre (« Animals » – ndr) ! On a un concert le 29 octobre pour fêter la sortie de l’album, à Pratteln avec Illumishade. On travaille sur des tournées c’est vrai… Mais on attend d’être vraiment sûrs avant de les annoncer. Ce n’est pas la peine d’en faire la promotion si on doit les annuler juste après…on verra ! Mais effectivement on a pas mal de projets et on a hâte de les concrétiser.

On espère vous voir sur scène très bientôt ! Merci beaucoup Melissa pour ton temps ! Un message à faire passer avant de se dire au revoir ?

Merci à tous pour l’intérêt que vous portez à Ad Infinitum et pour votre soutien ! On espère pouvoir rencontrer tout le monde très bientôt en concert ! 

Interview de Melissa Bonny pour Ad Infinitum réalisée le 5 octobre 2021 par Flora Kaïd.

Remerciements : Melissa Bonny et Magali Besson.

Ad Infinitum donnera un concert livestream le 6 novembre pour fêter la sortie du nouvel album, accompagnés d’invités, enregistré durant l’été

Nouvel album d’AD INFINITUM Chapter II : Legacy disponible le 29 octobre 2021 via Napalm Records.

AD INFINITUM

Melissa Bonny - Chant
Adrian Thessenvitz - Guitare
Korbinian Benedict - Basse
Niklas Müller – Batterie