AD INFINITUM | Entretien avec Adrian Thessenvitz

Après le succès de leurs deux premiers albums, les quatre membres d’AD INFINITUM reviennent avec Chapter III – Downfall, disponible le 31 mars. À cette occasion, le guitariste Adrian Thessenvitz revient sur sa création dans une interview accordée début mars.

Crédit photo : Nat Enemede  – Fine Art

Bonjour Adrian, merci pour cette interview. Je suppose que tu attends impatiemment que le nouvel album sorte !

Oui en effet ! La campagne promotionnelle et ce temps avant la sortie d’un album sont vraiment incroyables. En ce moment nous planifions aussi toute notre année, les festivals, les tournées pour faire en sorte de voir tout le monde sur la route, ça va être génial.

Ad Infinitum est un groupe très productif. Votre nouvel album sort un et demi après le précédent, et il s’agit du troisième en quelques années. Comment expliques-tu cela ?

Après le premier album, il y a eu le Covid qui nous a tous impacté. Et à ce moment-là, nous n’avions rien d’autre à faire que d’écrire des chansons. C’est ce qu’on a fait. Après le deuxième album, nous avons juste continué à rester créatifs, et maintenir notre production. C’est vraiment très important. Il faut juste continuer, tu ne peux pas attendre la créativité pour écrire, cela ne se passe pas comme ça. Il faut y aller, et ce qu’on fait, et c’est ce qu’on fera pour le prochain album.

Composer semble assez facile pour vous, vous parvenez toujours à écrire des chansons très efficaces, comme par exemple « Upside Down ». C’est pour moi l’une des forces de Ad Infinitum. Quel est votre secret ?

Un secret pour écrire des chansons catchy ? Je ne sais pas. Écouter des chansons catchy aide, car cela permet de rester inspiré. Et concernant la composition, nous avons tendance à aimer le côté accrocheur. Nous aimons la pop, et je pense qu’il n’y a pas de honte à copier certains éléments et de rechercher à atteindre ce mix dans notre son et comment y parvenir. C’est une chose agréable, et nous continuons d’apprendre et de rester en forme dans notre travail de composition. C’est très fun, c’est l’une de meilleures choses qu’on fait en tant que groupe.

J’avais eu le plaisir de faire une interview avec Melissa pour la sortie de Chapter II – Legacy. Elle m’avait dit que l’un des enjeux avec votre deuxième album était de faire au moins aussi bien et si possible encore mieux que le précédent. C’est toujours dans cet état d’esprit que vous avez débuté le travail de votre troisième album ?

Bien sûr, même si le terme « meilleur » reste une question de perspective. Mais ça l’est de la nôtre, en toute objectivité. Cet album est meilleur, car nous avons plus d’expérience et appris beaucoup en termes de production. Nous avons écouté beaucoup de musique que nous aimons, nous avons été très inspirés. Nous nous sommes réunis dans une maison tous ensemble pour écrire, avec tout notre matériel de studio et nous avons travaillé les chansons. C’était la première fois que l’on faisait ça, et dans l’ensemble nous avons pu obtenir un produit plus équilibré et détaillé. J’adore écouter cet album, toute la journée !

Après Louix XIV et Vlad L’Empaleur/Dracula, vous avez choisi avec Chapter III – Downfall d’explorer l’Égypte Antique. En quoi est-ce un bon thème pour un album ?

Quand nous avons commencé à discuter du concept du troisième album, nous avions l’intention de choisir un protagoniste féminin, et Cléopâtre s’est imposée. Cléopâtre, le culte des dieux égyptiens, la musique orientale aident à trouver l’inspiration, à écrire des paroles mystiques et à apporter de nouvelles influences à notre musique. C’était très clair que ce serait le chemin que nous allions emprunter pour l’album.

Ce thème est vraiment flagrant dans les paroles et les orchestrations. En tant que guitariste , est-ce que cela t’influence, et comment ?

Oui, bien sûr. Sur la chanson « Seth » par exemple, il y a un riff très tribal au début. En fait, le choix des gammes en général a été influencé par le thème. La dernière chanson de l’album, « Legends », et aussi « Ravenous » a ce côté tribal très fort aussi. Le thème a été une grande inspiration pour la conception du son de l’album, nous avons beaucoup d’instruments différents, beaucoup de techniques d’arrangements, de sons et plug-ins pour le rendre vraiment unique. C’est vraiment important quand on a un thème aussi fort que celui de l’Égypte de livrer quelque chose d’authentique. Pour cela, il nous a fallu trois mois pour finaliser chaque chanson. Nous sommes vraiment entrés dans les détails.

A part la thématique, quelles seraient pour toi les principales différences entre ce nouvel album et le précédent ? Avez-vous ajouté de nouvelles influences ?

Oui, à part toutes ces influences orientales dont je viens de parler, nous avons été plus courageux sur certains points comme la création des breakdowns, nous demandant par exemple pour le premier couplet, devons nous inclure tout le groupe dès les premiers mots, ou juste avez des samples intéressants, en prenant le temps ? Nous avons cette ballade épique, « Under The Burning Skies », où le groupe arrive seulement au deuxième couplet. C’est une preuve que nous avons été plus loin dans notre process d’écriture par rapport au deuxième album. Nous avons gravi quelques marches dans la bonne direction ces derniers mois, je crois.

Le communiqué de presse cite par exemple Meshuggah comme influence.

Oui, je vois ce que tu veux dire. Mais ce n’est pas une influence directe. En fait, j’étais assis ici même quand j’ai écrit ce riff. Korbi (Korbinian Benedict, bassiste – ndlr) m’a donné cette idée de ligne de basse, et nous l’avons travaillé et enregistrée. Et le jour suivant, j’étais assis là seul, et j’ai pensé qu’elle avait ce genre de tension non résolue. J’ai écrit ce riff à 8 cordes heavy djent après cette partie. Au final, c’est assez étrange et surprenant dans cette chanson, mais c’est justement pourquoi nous l’avons laissé. Je trouve ça drôle. Mais quand nous écrivons des riffs, nous sommes dans une zone où une éventuelle similarité avec un autre groupe est juste une coïncidence.

Peux-tu me parler de « The Underworld », elle me rappelle un peu « My Justice, Your Pain »…

Tu trouves que ces deux chansons sont similaires ?

Je trouve qu’elles ont quelque chose en commun…

« The Underworld» et « My Justice, Your Pain ». Je pense qu’elles sont très différentes. Elles ont le même tempo, mais je dirais que « The Underwold » est plus blues rock. Je pense toujours à Alter Bridge quand je l’écoute, parce qu’il y a ces drôles de modulations de mineur à majeur, très typique du songwriting rock. « My Justice, Your Pain » a une influence pop punk. Je pense que c’est très différent. Mais oui, elles ont la même énergie, et la même impulsion. Mais dans les détails, elles sont très différentes.

Elles sont différentes, c’est sûr, mais je n’ai pu m’empêcher de faire un rapprochement à la première écoute !

Je comprends complètement. Mais dans le processus d’écriture, nous n’avons pas essayé de créer une ressemblance, elles sont indépendantes.

En tout cas, j’avais dit à Melissa que j’aimais beaucoup « My Justice, Your Pain », elle m’avait répondu qu’elle n’était pas sûre que les gens l’aimeraient. Sur ce nouvel album, y’a-t-il un morceau dont tu es impatient de voir la réaction des gens ?

Oui, sans hésitation « New Dawn » ! C’est l’avant-dernier morceau de l’album. Il commence avec une intro fingerstyle à la guitare acoustique qui s’ouvre sur ce riff joyeux et exaltant pour revenir en acoustique avec la voix de Melissa. J’ai vraiment hâte d’entendre ce que vont dire les fans. Il y un côté Disney, onirique aussi, et je suis curieux de savoir si les fans vont accepter cette chanson, si joyeuse qu’il fallait la mettre sur l’album.

Tu as évoqué « Legends » tout à l’heure, qui a aussi la particularité d’avoir un guest, Chrigel Glanzmann d’Eluveitie.

Oui, nous avons rencontré Chrigel l’an dernier, nous avons joué deux fois en ouverture d’Eluveitie, c’est comme ça que le contact a été établi. Et nous connaissions d’autres membres d’Eluveitie depuis notre release show pour le deuxième album, avec Illumishade. Nous n’étions pas sûrs de faire un featuring, parce que cela nous met dans une position qui crée une attente. Et d’ailleurs, je n’appelle pas ça un featuring. Chrigel parle sur le monologue d’intro, ce n’est pas du chant ou du growl. Mais sa contribution est vraiment cool, car elle donne une vibe importante. Nous verrons si à l’avenir si nous décidons de faire plus de collaborations ou non.

Encore une fois, vous avez choisi une photo du groupe pour l’artwork de Chapter III – Downfall. Est-ce qu’il y a une raison ?

Je ne sais pas quel point cette décision a été faite volontairement, mais cela sied bien le thème des chapitres et de notre évolution en tant que groupe, cela la rend visuelle. Quand tu mets les trois chapitres côte à côte, tu vois une différence dans notre apparence et dans le design. On verra si après Chapter III nous voudrons changer ce concept. Mais nous voulions vraiment une unité entre les trois chapitres, pour qu’ils apparaissent appartenir au même concept.

Crédit photo : Nat Enemede  – Fine Art

Parlons scène maintenant, vous avez tourné il y a quelques mois avec Beyond The Black, Amaranthe et Butcher Babies ? Ça s’est bien passé ? Vous avez pu tester de nouvelles chansons live ?

Cette tournée a été incroyable. Nous nous sommes beaucoup amusés et avons vécu tant de belles expériences. Même les mauvaises choses comme les problèmes techniques, par exemple, nous ont rapproché au sein du groupe. Nous avons maintenant une prestation live vraiment solide, répétant chaque jour, donnant un concert chaque soir, cela nous a beaucoup aidés. Maintenant, nous sommes vraiment prêts pour l’année à venir. Nous avons joué « Upside Down », car la tournée commençait le jour de sa sortie en single. Nous avons donc fait la promotion de cette chanson pendant la tournée. Nous avons aussi joué « Somewhere Better », notre second titre, car nous avons tourné notre clip durant les concerts. Nous n’avons pas osé jouer plus de nouvelles chansons, car nous n’avions un set que de 30 minutes. Il fallait que l’on joue nos chansons les plus connues ! Mais ce fut une très belle expérience, qui a changé nos vies. Nous avons hâte de repartir en tournée.

J’espère voir Ad Infinitum tourner en tête d’affiche cette fois, pas seulement en tant que support !

Une tournée en headline serait possible. Nous sommes en train de négocier en ce moment sur ce que l’on peut faire, dans quelles villes jouer, dans quelles salles et avec qui. Peut-être une tournée double headliner serait appropriée. On verra comment les choses vont se faire, et bien sûr on vous tiendra au courant.

Vous avez proposé un concert en livestream pour la sortie de Chapter II, avec des invités. Est-ce que vous aimeriez refaire un concert spécial de genre ?

Nous devions le faire parce que le release show était incertain avec le corona, et nous voulions toucher le monde entier avec ce concert en ligne. Mais pour l’instant, nous n’avons pas besoin de le refaire. Tout d’abord, c’est beaucoup plus de travail que prévu. Je veux dire, non seulement la production vidéo, l’organisation d’un lieu, l’organisation d’une équipe de tournage, l’organisation d’invités, les possibilités de couchage pour tout le monde, nous avons tous dû nous en occuper nous-mêmes. Et c’était tellement épuisant que nous n’avons pas vraiment envie d’y retourner, sans plus d’aide professionnelle, car c’est trop pour nous quatre. Oui, mais nous aurons plus d’opportunités dans la vie cette année. Il n’y a donc aucune raison réelle de refaire un livesteam.

Je suis d’accord, ce serait à faire dans des conditions normales, en public… Avant la sortie de l’album, à quoi pouvons-nous nous attendre ? Un nouveau single va sortir ?

Hmm, je ne sais pas si je suis autorisé à en parler (rires) ! Je pense que c’est déjà une réponse !

Oui, c’est un indice ! On verra ! Veux-tu ajouter quelque chose avant de conclure cette interview ?

Nous sommes super heureux d’avoir tout ce soutien tout au long des années, malgré l’absence de concerts. Et ça nous fait vraiment avancer en tant que groupe. Vraiment. Et nous avons hâte d’être de retour cette année, de jouer encore plus et de proposer de nouvelles musiques, de nouveaux clips, de nouveaux contenus. Nous sommes impatients de voir ce que l’avenir nous réserve. Et nous avons hâte de voir nos fans. Encore une fois, face à face sur les festivals, sur la route en tournée. Ça va être génial.

Interview réalisée le 6 mars 2023. Merci à Sounds Like Hell Productions.

AD INFINITUM – Chapter III – Donwfall

Sortie le 31 mars 2023 via Napalm Records

https://lnk.to/ChapterIIIDownfall

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