MARCH OF SCYLLA – Interview avec Florian

Crédit photo : Cindy Hémart

Cela fait une dizaine de jours maintenant qu’Andromeda, le nouvel album de March Of Scylla est sorti. Qu’est-ce que ça vous fait de savoir qu’il est sorti, après de longs mois de travail ?

C’est assez fou parce que, déjà, on ne pouvait pas mesurer forcément ce qui allait se passer quand il allait sortir, en termes de visibilité, de retour, etc. Et puis, déjà, on est soulagé parce que les retours sont quand même vraiment, vraiment positifs. Et forcément, on a toujours un doute quand on sort un album, quand on sort quoi que ce soit, d’ailleurs, de l’accueil que ça va recevoir. Et donc, bon, voilà. Là, on souffle un peu. On se dit bon, c’est bien. C’est cool. Ça marche. On arrive à peu près, je pense, au résultat qu’on voulait.

De bons retours des médias et des gens aussi, je suppose. Vous avez fait un concert, justement, pour fêter la sortie de l’album. Donc, vous avez pu avoir des retours en direct.

Exactement. C’était la release party vendredi chez nous, donc à Amiens. Et puis, on a fait sold out. Il y avait une grosse ambiance. C’était vraiment un super concert avec tous les copains, la famille et tous les musiciens, les métalleux d’Amiens.

Si tu veux bien, on va commencer par reprendre un petit peu les débuts du groupe. Vous êtes un groupe, finalement, assez récent et il y a peut-être encore des gens qui vous découvrent. Alors, le groupe s’est formé en… J’ai deux dates, 2019 et 2020.

Oui, c’est-à-dire que les tout premiers morceaux remontent à 2014, en fait. Mais le groupe tel qu’il est actuellement, c’est 2020.

2020, c’est une année un peu particulière pour se lancer dans un projet, ça peut être à double tranchant, selon le groupe.

Tout à fait. Nous, l’avantage, c’est qu’on commençait. Donc, on a su s’adapter assez vite à ce contexte qui était un peu particulier. Et ça nous a d’ailleurs permis de finir le premier EP pendant le confinement, en fait. On a fini le mixage du premier EP qui est sorti juste après, pendant le confinement.

Donc, un premier EP, puis un deuxième qui sort en 2023, Dark Myths. Là, peut-être qu’on peut dire que les choses sont un petit peu accélérées pour vous.

Disons que déjà, suite 2023, on a mis énormément de temps à sortir pour diverses raisons, plutôt dans l’organisation du groupe. On a un membre qui est parti à cette période-là, d’ailleurs. Et après, effectivement, ça s’est un peu accéléré puisqu’on a fait une version de luxe de l’EP qui était sorti en 2023, en septembre, qu’on a ressorti avec Klonosphère. Et puis l’album qui est arrivé là, donc en mars, qu’on essaie d’être un peu plus rigoureux.

J’ai vu un petit passage télévisé, en 2023, c’est cool, surtout pour un groupe un peu nouveau, de se retrouver comme ça dans les médias.

Tout à fait, c’est vrai que là-dessus, c’était une sacrée chance. On a fait une émission live qui s’appelle Les Hauts en scène, sur un super plateau de France 3, et on pouvait jouer 25 minutes. Donc, on a fait cinq morceaux, cinq titres qui sont disponibles en replay sur France 3, etc. Et la qualité est géniale, donc c’était super bien.

Il n’y a pas si longtemps que ça finalement. Et en 2024, je suppose, vous avez commencé à travailler sur l’album.

On a travaillé sur l’album et on a aussi beaucoup tourné en 2024. On a eu quand même pas mal de dates. On commence à s’exporter de plus en plus loin et à faire un peu de kilomètres. Donc, on a fait des dates sur Lyon, etc, on a roulé un peu plus. Et puis, effectivement, gros, gros travail de composition, de studio aussi, puisque tout le studio, c’était l’été 2024, pour être prêt pour la sortie en mars 2025.

Cet album, comment vous l’avez appréhendé au départ ? Est-ce que c’était une suite de l’EP ? On voit déjà avec l’artwork la ressemblance.

Tout à fait, c’est-à-dire que c’est vraiment ça. On a essayé de pousser un petit peu le concept de l’EP. On a essayé de diversifier aussi un petit peu les thèmes des morceaux. Au niveau de la composition, on est vraiment dans… Je pense qu’on a vraiment trouvé un peu notre recette aussi. C’est-à-dire, disons que les passages violents le sont davantage. Et les passages mélos ou atmos sont d’autant plus assumés, en fait. Je pense qu’on a un petit peu fixé la recette avec cet album par rapport à l’EP. Ou peut-être qu’on était encore un petit peu en train de tâtonner, de se chercher. Voilà, donc c’est sûr que c’est vraiment une espèce de concrétisation des cinq dernières années de ce qu’on avait envie de faire.

Au niveau composition, comment ça se passe ? Est-ce que c’est très collectif ? Est-ce qu’il y a un compositeur principal ?

Alors, il y a tout à fait un compositeur principal, comme c’est souvent le cas. Donc là, c’est Christopher, qui est notre guitariste, qui compose la musique, on va dire 80% de la musique. Puisqu’ensuite, il y a quand même notre batteur qui va écrire ses propres parties. Une fois que la musique est écrite, alors évidemment, on en discute, les arrangements, etc. Et ensuite, il y a le travail de composition du chant et de l’écriture. Et là, pour le coup, c’est moi qui m’y colle, mais vraiment en dernière étape.

Est-ce que, musicalement, vous avez des influences communes ? On voit des groupes qui sont très soudés et qui viennent de milieux très différents, avec des influences très différentes.

Oui, c’est vraiment le cas. C’est-à-dire que finalement, la musique de March Of Scylla, elle ne s’est pas décidée. Elle s’est créée à partir de nous, de ce qu’on avait envie de faire, et des personnalités que nous sommes au sein du groupe. C’est-à-dire qu’on n’écoute même pas les mêmes choses au quotidien. Et donc, par exemple, pour moi, puisque c’est plus simple de parler de moi, j’ai tendance à vraiment suivre la scène prog, prog metal, mais même prog rock, etc. Et donc, ça, c’est mon petit côté arrangements vocaux, etc. Et j’aime beaucoup travailler ça. C’est quelque chose qui se ressent, je pense, sur les morceaux.

Concernant les thématiques, on voit déjà avec le nom du groupe, le nom de l’album, forcément…

Oui, complètement. Oui, on est sur les mythes, sur la mythologie grecque, principalement sur les mythes anciens. Disons que Christopher est prof de philo dans la vie. Moi, je suis enseignant aussi et j’ai fait des études d’histoire. Donc, c’est quelque chose sur lequel on se retrouve assez bien, finalement, d’aborder des problématiques actuelles ou des histoires qu’on a vécues personnellement à travers le prisme de personnages de la mythologie ou de choses qui se sont passées un petit peu à cette époque-là.

Oui, c’est ça. C’est que sous le thème d’Andromède, la grande figure, tu parviens quand même à mettre ta personnalité, tes expériences personnelles dans tes paroles.

Oui, c’est-à-dire que finalement, ça raconte des histoires. Et donc, ces histoires-là, elles sont tellement riches qu’on peut toujours en trouver une qui ressemble finalement à un truc que nous, on a envie de raconter, en fait. Je fais toujours des espèces de passerelles entre ces univers-là.

Oui. C’est vrai qu’il y a la mythologie, puis il y a un peu ce côté astronomie, qu’on voit avec l’artwork…

C’est ça. Ça, c’était la nouveauté de l’album. C’est pour ça que c’est une continuité sur Dark Myths, l’EP précédent. On était vraiment dans un… L’artwork, le monde, d’ailleurs, dans une cave. On était dans un endroit un petit peu sombre, un petit peu glauque. Et là, j’avais envie justement d’ouvrir un petit peu à l’espace avec des ambiances sonores justement qui étaient peut-être un peu plus aériennes… Je trouvais que ça collait bien avec ce rapport au cosmos, en fait, et d’où Cassiopée, d’où Andromède, etc. dans l’album.

Pour l’enregistrement, vous êtes allés au studio Sainte-Marthe avec Francis Caste. Je ne sais pas s’il faut le présenter, ce monsieur…

Oui toujours. C’est vrai qu’il fait parler de lui. C’est la troisième fois qu’on travaille avec lui parce qu’on avait déjà travaillé avec lui sur le premier. Il avait juste fait le mastering. Sur le deuxième, il était allé un peu plus loin. Et puis là, on lui a confié toute la prod, clairement. Moi, personnellement, c’est quelqu’un avec qui j’ai eu beaucoup de plaisir à travailler et qui, pour moi, de toute façon, est la référence en France du son que j’ai envie d’entendre, en fait. Donc, ça tombait un peu sous le sens qu’on travaille encore avec lui.

Et ça s’est fait assez facilement parce que depuis les débuts, vous travaillez avec lui.

Oui, c’est-à-dire que c’est juste une histoire de disponibilité qu’il faut prévoir bien à l’avance. Et ensuite, ça prend… Je ne sais pas, on doit être à trois semaines de studio. Et encore, ce n’est pas énorme puisqu’il y a quand même des parties qu’on a réussi à faire à domicile. Et oui, on y a passé quand même quelques semaines à Paris, bien sûr.

Je voulais revenir aussi à l’artwork, au niveau de la réalisation…

Alors, au niveau de la réal, c’est nous. C’est Gilles, mon batteur, qui maîtrise ainsi bien tout ce qu’on peut maîtriser en logiciel graphique et qui fait des tas d’essais dans tous les sens, qui essaye des choses. Alors, en sachant qu’on a essayé de garder une continuité avec l’EP d’avant, donc encore un personnage un petit peu mythologique sur la pochette. Et puis, comme tu l’as dit juste avant, on voulait vraiment quelque chose de plus spatial. D’où la nébuleuse, en fait, derrière, qui pose un peu plus cette ambiance-là. Mais en tout cas, on a fait des dizaines et des dizaines et des centaines d’essais avant d’arriver à ça. Et on a plein d’autres pochettes disponibles, si on veut, pour sortir 50 albums.

Même aussi, pour les singles, il y a des déclinaisons un peu de cet univers.

Oui, tout à fait. On a essayé de bosser aussi les singles, effectivement, en fonction… Alors là, on l’a plutôt fait en fonction de la thématique du morceau, du single, sur « Ulysse’s Lies » ou sur « BlaAst ». On a essayé vraiment d’être un peu raccord avec les textes, en fait.

Pour cet album, vous êtes arrivés chez Klonosphère pour la sortie, la promo. C’était un objectif pour vous d’être avec eux ? Ça s’est fait comment ?

Eh bien, disons qu’il nous fallait absolument signer chez un label assez rapidement quand on était dans la recherche du financement pour le projet. Il fallait qu’on ait des garanties, des assurances. Moi, j’avais envie d’être chez Klonosphère parce que, déjà, je suis fan de Klone. Et puis, je trouvais qu’il y avait une façon de travailler qui était vraiment sérieuse, qui était carrée. Tous les groupes que je voyais sortir de chez eux, c’était vraiment la même rigueur à chaque fois. On voyait que ce n’était pas traité par-dessus la jambe. On voyait que tout le travail était bien fait. Et bien, coup de chance, Guillaume nous a rencontré assez vite. En 15 jours, on avait un accord pour signer chez eux. Et ouf de soulagement, on a ouvert le champagne et puis on était ravis.

C’est cool, côté média, c’est aussi sympa de bosser avec eux.

Ils sont top. Franchement, à tous les niveaux, j’en suis vraiment très content.

Et du coup, qui dit promo, dit single, clip vidéo. Comment se fait le choix ? Vous étiez sûr de savoir à l’avance quels morceaux vous sortiriez en single ? Comment ça s’est discuté ?

C’est marrant parce que sur le premier morceau, « Ulysse’s Lies », qui est le premier morceau d’ouverture de l’album, je pense qu’on était tous d’accord parce que c’est un morceau qui représente assez bien ce qu’on fait en cinq minutes. C’est-à-dire qu’il y a vraiment un peu tous les ingrédients de March Of Scylla. En plus, je trouve que le refrain est très catchy, donc ça marchait bien. Visuellement, il y avait vraiment quelque chose à faire. Donc tout de suite, on s’est dit, voilà, premier morceau de l’album et premier clip. Là-dessus, on n’avait pas de doute. Ensuite, « BlaAst », ça s’est décidé un peu plus tardivement, mais je pense qu’on est vraiment tous tombés un peu amoureux de ce morceau parce qu’il a une couleur qui est complètement différente. Il est beaucoup plus mélancolique, en fait. Voilà, il a un côté beaucoup plus aérien, beaucoup plus mélancolique. Et on trouvait ça cool, justement, de contraster avec « Ulysse », qui est un peu plus catchy. Et puis le dernier, « Storm Dancer », le troisième single, ça a été une grosse, grosse hésitation. On a changé une semaine avant l’échéance parce qu’on était partis pour sortir le deuxième morceau qui s’appelle « Death Experience ». Et c’est un morceau qui est encore très prog, « Death Experience », et que j’adore, mais qui avait encore un côté un peu six minutes, avec beaucoup de choses. Et on s’est dit, bon, comme «BlaAst», le single d’avant, était déjà un petit peu sur cette organisation-là, on s’est dit, bon, non, tant pis. « Storm Dancer », elle est plus efficace, elle est plus frontale, et on n’a pas sorti encore de morceaux comme ça. Donc, on s’est dit, allez, bam, c’est le troisième single.

Oui, et vous arrêtez là ou il y en a d’autres après, peut-être ?

Non, puisque l’album est sorti. Après aussi, on a encore un projet de clip, mais je pense que ça ne sera pas avant six mois, un an. Déjà, on va repartir beaucoup en concert, et puis on a envie de laisser un petit peu poser les choses aussi pour reprendre un petit peu de souffle, et qu’on ait un peu d’autres idées qui nous viennent. Parce qu’on ne sait même pas pour quels morceaux on produirait un clip. On attend des retours, en fait, de l’album, voir un peu comment il est.

Si on pouvait juste revenir sur le premier, « Ulysses’s Lies », parce que c’était un vrai clip vidéo, avec un tournage dans un endroit particulier. Je ne sais pas où c’était, c’était une grotte ?

Des souterrains près de chez nous. Ça s’appelle la Cité Souterraine de Naours. C’est des souterrains connus dans le Nord, comme il y en a beaucoup. C’était assez intense, parce qu’une journée de tournage pour des dizaines et des dizaines d’heures de rush… On a bien rigolé. Franchement, c’était vraiment une chouette expérience. On avait une actrice qui était là pour l’occasion, tout un tas d’effets. On a essayé des décors qu’on avait loués, etc. Pour rendre le truc le plus dans cette ambiance-là. Ce que j’aime dans ce clip, c’est qu’on ne peut pas trop le dater. C’est-à-dire qu’il n’y a pas trop de marqueurs temporels. On ne sait pas trop si on est dans la mythologie. C’est-à-dire qu’on peut se situer un peu dans l’époque qu’on veut.

Ce premier single, je suis d’accord que c’était un super premier single, super efficace, qui accroche instantanément. Ce qui est bien, c’est que vous avez fait des vidéos différentes. Une lyric vidéo. Et puis le troisième, je ne sais pas trop comment la définir, cette vidéo. C’est graphique.

Oui, c’est ça. C’est une espèce de… C’est des images animées, en fait. Il y a une partie, c’est vraiment de l’animation 3D, en fait. Et puis il y a un côté un peu comic book aussi. On pourrait dire un comic book animé.

Oui, c’est ça. C’est intéressant. Ça change aussi de ce qu’on peut voir.

Oui, c’est ça. On a un copain qui bosse très bien là-dedans. C’est pour ça qu’on avait envie de travailler avec lui là-dessus.

L’album est sorti. Donc maintenant, focus sur les concerts, je suppose. Vous avez plusieurs concerts d’annoncés. Il y a le Hellfest Le Off aussi, qui a été annoncé. Donc ça, je pense que c’est cool. Il y aura beaucoup de monde, je pense, pour venir vous découvrir.

Oui, je pense que d’année en année, on voit que ça se développe bien. Donc effectivement, j’ai hâte un petit peu de voir à quoi ça va ressembler cette année.

Et puis, est-ce qu’il y aura d’autres dates en courant de l’année qui vont s’annoncer ?

En belle date, on a le AÜTFËST qui a été annoncé il y a deux jours. Le AÜTFËST, c’est un festival caritatif pour soutenir les enfants atteints d’autisme dans le Nord. Ils n’ont pas encore annoncé la tête d’affiche. Si je ne dis pas de bêtises, on partage l’affiche avec Psykup, Black Bomb A et j’en oublie…, Mais en tout cas, dans le Nord, c’est une grosse date qui a vraiment gagné en notoriété depuis quelques années. Donc on est super content de jouer là-bas. On en a d’autres qui sont encore annoncées, mais qu’on ne peut pas annoncer. Quelques beaux festivals qui arrivent. Après, on fait à peu près toutes les villes. Je sais qu’on fait Grenoble, Nantes, Orléans, Lille. On fait à peu près toutes les grosses villes de France jusqu’à cet automne.

On vous attend à Tours aussi.

Le plus près, ce sera Nantes malheureusement.

Je fais un petit coucou à mon chroniqueur, qui a acheté de votre album aussi.

N’hésitez pas si vous avez des plans sur Tours !

On transmet le message. Je ne sais pas si tu veux rajouter quelque chose concernant cet album, les concerts, ou quelque chose qu’on n’a pas abordé…

Non, parce qu’on a bien parlé de l’album. On a parlé de la promo, etc. On a un Bandcamp, si on veut avoir la musique et ne pas passer par les plateformes de streaming, forcément. Quand on aime un groupe, c’est toujours mieux. À chaque fois, on arrive à l’époque où il y a beaucoup de concerts qui se font au coin de chez vous. Je parle à tout le monde, évidemment. C’est un peu cliché de dire ça. Les festivals deviennent presque prohibitifs par les tarifs qu’ils appliquent. Alors qu’on a des salles moyennes ou des petites salles qui font des choses incroyables à côté de chez vous. N’hésitez pas. Évidemment, il faut suivre les groupes sur les réseaux. Parce qu’il n’y a que comme ça que nous, on peut exister. En tout cas, c’est un bon moyen de savoir si on vient jouer à côté de chez vous.

Je te remercie. Je te souhaite le meilleur pour l’année à venir. Bonne tournée.

Merci beaucoup.

MARCH OF SCYLLA – Andromeda

Sortie le 7 mars 2025

Klonosphere

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