Déjà deux ans que la chanteuse s’est lancée le défi de produire une chanson par mois pour ses abonnés Patreon ! Après avoir dévoilé au reste du monde ses titres préférés dans une première compilation, Charlotte Wessels nous propose une suite avec Tales From Six Feet Under Vol II : l’occasion d’échanger lors d’une interview !
Bonjour Charlotte, merci pour cette interview ! Comment te sens-tu à l’approche de la sortie de ton nouvel album ? Es-tu plus sereine que lors de la sortie du premier, maintenant que les gens te connaissent en tant qu’artiste solo ?
J’ai vraiment hâte. Je suis curieuse de lire ce que les gens vont penser de l’album, s’ils aiment les chansons. J’ai aussi très hâte parce qu’il y a un release show pour celui-ci et le précédent en même temps. Est-ce que je suis plus sereine ? Non. Pas vraiment. Je stresse beaucoup, ces choses me rendent toujours nerveuse.
Pour revenir à Tales From Six Feet Under Vol I sorti l’année dernière, celui-ci était très différent de ce que tu as pu faire avant, puisque ce n’est pas un album metal. Est-ce que tu avais peur que les gens ne l’aiment pas ?
Non, je n’avais pas vraiment peur de ça. Dans mon esprit, c’était logique qu’il ne serait pas metal. Tu sais, quand j’ai commencé Patreon, il était très clair que cette plateforme serait un refuge pour toutes ces chansons que j’avais écrites et qui ne correspondaient pas à Delain, car à ce moment-là, je faisais encore partie de Delain. Je savais alors que ce que je publierai sur Patreon serait différent. Et puis, j’ai aussi communiqué pour que les gens le sachent, et que personne ne s’attende à écouter du metal. Mais beaucoup de personnes ont quand même été très surprises quand le premier album est sorti. Je pense que j’aurais dû m’en douter puisque plein de gens ne suivent pas ce que je fais dans les moindres détails, et c’est normal. Mais je n’avais pas vraiment peur de leurs réactions. On ne peut pas plaire à tout le monde. J’ai été surprise par les commentaires de beaucoup de personnes qui étaient du genre « Oh, tu détestes le metal maintenant », car c’est une conclusion étrange lorsque de quelqu’un fait quelque chose de différent pour une fois. Je dis toujours que j’adore les pancakes, mais je ne voudrais pas en manger tous les jours. Et j’ai pourtant mangé des pancakes pendant 16 ans de ma vie !
Et maintenant, tu sors Tales From Six Feet Under Vol II, qui est plus metal. Comment expliques-tu cette différence entre les deux albums ?
Et bien, quand j’ai écrit Volume I, j’étais toujours dans Delain. Je pensais alors que mes idées de chansons appartenant au metal symphonique devaient être conservées pour les prochaines sessions de songwriting avec Delain, pour de prochains albums… C’est pourquoi sur le premier album j’ai fait ce choix de ne pas sortir de chansons metal pour Patreon ou ailleurs. Et puis, bien sûr, le groupe s’est séparé. C’est à ce moment-là que j’ai décidé qu’il était inutile de laisser de côté ces idées, et que j’ai commencé à les sortir sur Patreon. Je pense que c’est ce qui explique cette différence.
Les deux albums sont composés de chansons que tu proposes sur Patreon. Tu y publies une nouvelle chanson chaque mois. Pour moi en tout cas, cela me semble très difficile. Comment parviens-tu à trouver l’inspiration et à rester créative sur la longueur, même après deux ans ?
Ça devient délicat. Au début, j’avais beaucoup de chansons, beaucoup de chansons presque terminées. Maintenant, la plupart du temps, j’écris et j’enregistre. Je ne fais pas le mastering moi-même, je le confie à Guido Aalbers. Mais il faut y arriver, et avoir le temps d’y arriver. Il faut aussi préparer l’artwork, etc. C’est vraiment un challenge. Je n’ai jamais vraiment de panne d’inspiration quand je commence de nouvelles choses. Je peux toujours m’assoir et commencer quelque chose. C’est de terminer qui est le plus dur. Réfléchir à la structure, arranger les différentes parties et faire que le tout fonctionne. J’aime beaucoup les grands arrangements vocaux, les chœurs… Tout cela ne se résume pas à l’inspiration, il faut juste le faire. Cela devient plus difficile, et c’est aussi pourquoi je n’ai pas le temps de demander à des personnes de remplacer mon logiciel. Mais bon, je ne m’arrête pas sur ma lancée. Je viens juste de sortir la chanson numéro 30 !
Est-ce que tu puises ton inspiration dans le cinéma par exemple ? Je pense à la vidéo de «Afkicken», qui montre que c’est quelque chose qui t’intéresse !
Ah oui, oui, on s’est lancé dans le cinéma là ! La plupart du temps, je préfère les livres aux films, je ne sais pas pourquoi. Je pense que dans les films, il y a déjà de la musique. Les livres m’inspirent plus, car ils ne donnent pas de suggestions sur la musique qui pourrait l’accompagner. Il y a deux chansons inspirées de livres sur cet album. «A Million Lives» est inspirée de La Bibliothèque de Minuit (Midnight Library) de Matt Haig, et «Phantom Touch» s’inspire de La Séquestrée (The Yellow Wallpaper) de Charlotte Perkins Gilman, une nouvelle du 19e siècle sur une femme qui devient folle. Les livres m’inspirent, mais je sens aussi qu’avec tout ce qu’il se passe dans le monde, et avec ce qui e touche personnellement, je n’ai jamais ressenti un manque d’inspiration ou de sentiments au moment de me plonger dans la composition durant ces deux dernières années.
Tu as dit à propos de Tales From Six Feet Under Vol I, et je suppose que cela concerne aussi le Volume II, que tu ne voulais pas vraiment parler d’albums, mais de collections de titres. Est-ce que tu prévois de travailler sur un véritable album ?
Oui, je pense que ce sera le cas pour le prochain. Je suis très fière de ce que j’ai fait jusque là. Mais je commence à penser que j’aimerais avoir le temps de repenser, refaire certaines choses, ne pas dépendre de plug-ins et d’avoir des êtres humains qui jouent, et laisser mûrir les chansons… Je pense qu’après celui qui arrive, mon prochain album sera plus traditionnel. Une chose que j’adore à propos de ces deux albums, c’est leur diversité. Et je pense que si j’écris un album traditionnel, il faudra aussi faire en sorte que les chansons aillent bien ensemble. C’est une chose qui me fait demander si c’est une bonne chose, ou si c’est dommage car j’aime cette grande diversité. Mais on verra cela le moment venu !
Cela te donnera beaucoup de travail, en plus des chansons Patreons !
J’ai commencé à y penser, je me suis dit que je continue de faire les chansons pour Patreon, et que si je fais aussi un album, je pourrais prendre ces chansons et les développer et réfléchir à ce que je pourrais en faire pour l’album. Ce serait vraiment un bon moyen de rester productive et d’être sûre de sortir une chanson par mois. Je pourrais présenter la chanson, mais sans que ce soit forcément la version finale.
Pour promouvoir Tales From Six Feet Under Vol II, tu as sorti un nouveau single fin août. Il s’agit de «Toxic», sur laquelle tu utilises un chant saturé. Était-ce quelque chose que tu voulais faire depuis longtemps ?
Je l’ai déjà fait sur quelques chansons de Delain. Mais ce n’était jamais moi qui le faisais en concert. En fait, j’ai cette voix saturée, je sais comment faire, mais je peux mal l’utiliser et me faire mal, et ensuite ma voix ne suit plus. Je sais que les screamers vont dire que c’est que je ne le fais pas correctement. En fait, j’arrive à screamer 9 fois sur 10, mais il suffit que je le fasse mal une fois pour que cela fasse tout rater. Mais c’est un effet que j’aime. Et puis, si je n’ai pas le besoin impératif de chanter les jours suivants, je peux faire un essai en studio. Mais mon scream n’est pas encore assez bon. C’est quelque chose que je travaille !
Donc peut-être qu’on entendra plus ta voix saturée sur de prochaines chansons ?
Oui, qui sait ? C’est quelque chose que j’aime vraiment beaucoup. C’est un autre registre de la voix que tu peux ouvrir et moduler : plus agressif, plus dramatique, plus haut, plus fort… Cela me plait vraiment, mais je ne suis pas très douée.
En attendant, on pourra te voir en concert le 23 octobre à Tivoli. Comment te sens-tu à l’idée de remonter enfin sur scène ?
J’ai très hâte de retrouver la scène. Pour commencer, j’ai très hâte de remonter sur scène en compagnie des personnes qui seront à mes côtés : Otto, Timo et Joey (ex-membres de Delain – ndlr). Ce sera vraiment spécial car j’ai une longue histoire avec eux. Il y aura aussi Sophia aux claviers, elle est vraiment géniale. Nous allons faire des choses visuelles très intéressantes. Je pense qu’il y aura d’autres concerts ensuite, mais je ne pense pas qu’on reproduira la même chose. Ce double release show sera très spécial. J’ai vraiment très hâte, et j’admets être aussi très nerveuse parce qu’il s’agit de plus de 20 chansons que je n’ai jamais joué live. J’ai des frissons rien que d’y penser !
Une vingtaine de titres, c’est beaucoup ! Mais c’est chouette !
La setlist est composée de plus de 20 chansons pour l’instant, oui. Peut-être qu’on enlèvera quelque chose si c’est trop long. Mais c’est bien ce qu’on prévoit, on va jouer pour la sortie de deux albums !
Comme tu l’as dit, tu vas jouer avec Otto, Timo and Joey. Je pense que les fans sont très heureux de voir jouer ensemble et vous soutenir les uns les autres.
Oui, c’est vraiment bien. J’ai été heureuse de voir les gens réagir comme cela aussi.
Bien sûr, nous aimerions bien vous voir à nouveau travailler ensemble, sur un nouveau projet. Est-ce qu’il y a une possibilité ?
Oui, qui sait ! Si jamais nous amenons ce show en tournée, j’espèrerais vraiment faire d’autres concerts avec eux. Quant à de la nouvelle musique originale… Pour l’instant, mon objectif, c’est de faire ce que je suis en train de faire, mais en prenant plus de temps et travailler sur un album plus traditionnel. C’est mon premier objectif, mais qui sait ce qui se passera ensuite ? Ou peut-être même pendant mon travail sur cet album ? Rien n’est gravé dans le marbre.
Penses-tu venir en France ? Tu as pas mal de fans ici.
Je l’espère ! On prévoit de faire d’autres concerts. Mais je ne suis donnée la permission de commencer à les planifier seulement après avoir fait ce premier concert. J’ai déjà assez de choses en tête en ce moment ! Ensuite, on verra quelles seront les prochaines étapes pour le live. J’espère vraiment revenir en France. Nous y avons vécu certains de nos meilleurs concerts.
Juste avant notre interview, j’ai reçu la newsletter d’EPICA… Et j’ai vu ton nom ! Tu collabores donc avec le groupe sur le nouvel EP The Alchemy Project !
Oh tu l’as reçu juste à temps ! Et bien pour être honnête, je ne sais pas trop ce qu’on peut révéler sur les chansons, mais j’étais très heureuse qu’on me demande de participer à ce projet. Je suis vraiment emballée par cette chanson sur laquelle nous avons travaillé. Je suis ravie qu’Amalie de Myrkur soit présente aussi. Je pense que les gens vont vraiment l’aimer, je l’espère. C’était un honneur de faire partie de ce projet.
Prévois-tu d’autres collaborations dans un avenir proche ?
J’ai fait plusieurs collaborations qui seront dévoilées prochainement. C’est toujours un peu agaçant car, en ce qui concerne mes propres travaux, je peux décider d’en parler ou non. Quand il s’agit d’une collaboration, je sais que je vais faire des choses géniales mais sans pouvoir en parler. Mais oui, il y a des choses vraiment cool en préparations.
Super, on va attendre tout cela patiemment ! Merci beaucoup, Charlotte, pour ton temps. Je te laisse conclure si tu veux ajouter une dernière chose.
Merci de couvrir la sortie de l’album, j’apprécie sincèrement. Merci à toutes les personnes qui prennent le temps de lire ceci. J’espère que vous aimerez l’album. Et pour ceux qui vivent peut-être près du nord, je vous invite à venir au concert du 23 octobre ! Un grand merci pour votre soutien durant ces deux dernières années.
Merci à Charlotte Wessels et à Napalm Records pour cette interview réalisée le 16 septembre 2022.
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