BRYMIR | Interview de Viktor Gullichsen

A quelques jours de la sortie de Voices In The Sky de BRYMIR, le chanteur Viktor Gullichsen s’est prêté au jeu de l’interview pour nous en dire plus sur ce nouvel album.

Photo : Janica Lönn

Bonjour Viktor, et merci de prendre le temps de répondre à mes questions. Le nouvel album de Brymir, Voices In The Sky, sort le 26 août. Comment s’est déroulé l’écriture ? Est-ce que vous avez dû travailler différemment à cause de la pandémie ?

Écrire notre nouvel album était en fait assez difficile puisque nous n’avons pu avoir de sessions en studio comme nous en avions l’habitude. Au début, nous avons pensé que ce serait une bonne période pour écrire puisque nous avions plusieurs mois d’affilés à passer nos home studios. Mais c’était très dur de trouver de l’inspiration dans cet environnement. Il nous a fallu presque une année pour s’habituer à cette nouvelle dynamique, et une bonne partie de l’album a été écrite en 2021, alimentée par notre immense envie de retourner sur la route et de jouer ensemble.

Comment décris-tu cet album, et qu’est-ce qui le différencie des précédents ?

Je dirais que cet album a un son plus heavy et plus axé sur les guitares, la batterie, la basse et le chant. Comme nous avions un claviériste dans le groupe avant, nous écrivions des chansons avec beaucoup de synthé et d’arrangements symphoniques, mais cette fois nous avons voulu concentrer l’écriture sur les instruments que nous avons sur scène. Associés à ma nouvelle approche du chant, plus brut, ce nouvel album sonne plus Metal avec un M majuscule.

Le premier single que l’on a pu découvrir en juin est « Voices In The Sky ». Tu as dit dans le communiqué de presse à ce moment-là que les paroles de ce titre parlent de « sur l’ambition forgée dans la frustration et le désir ». Je suppose que la pandémie a eu une influence aussi sur tes textes.

Oui, tout à fait. Cette chanson fait référence à tous ces grands noms du metal dont les voix continueront toujours de résonner dans le hall de l’histoire du heavy metal, et les paroles parlent de notre désir de repartir sur la route pour un jour nous joindre à elles. C’est l’une des premières chansons que nous avons écrites pour l’album, juste après avoir terminé nous tournée en support de Children of Bodom. Le futur était prometteur, mais quand nos projets pour 2020 ont été annulés, nous sommes tombés de haut et ça nous a fait mal. Écrire cette chanson a aidé à garder le moral et à traverser les sombres profondeurs de la pandémie.

C’est intéressant car à première vue, les paroles semblent parler uniquement de guerriers et de mythologie. Votre second single, « Herald Of Aegir » parle des océans et de la nature qui sont menacés en te référant à Aegir, un dieu ou une personnification nordique de la mer. J’aime beaucoup le fait que tu associes la mythologie, les histoires anciennes à des sujets très actuels.

L’une des mes choses préférées lorsque j’écris, c’est justement ça : habiller des sujets actuels avec la mythologie. Dans cette histoire, le messager d’Aegir fait référence au saumon, qui est le plus puissant et vénéré poisson des eaux finlandaises. C’est pourtant le plus vulnérable face au changement climatique et à l’imprudence humaine.

Musicalement, Brymir est souvent décrit comme un groupe death metal mélodique, mais avec beaucoup d’influences : du metal symphonique, de la musique orchestrale, du power metal et du folk. Comment parvenez-vous à les associer ?

Quand nous écrivons, tous ces genres que tu as listé viennent naturellement car ces influences sont ancrées profondément dans nos esprits. C’est le sang qui coule dans nos veines. Le son de Brymir est le mix ultime de tous les sons que nous avons écouté en grandissant, de la musique de chambre au black metal, en passant par le folk ou le power metal.

Vous avez aussi ajouté une influence moderne avec des éléments électroniques et peut-être même un son à l’américaine sur un titre comme « Forged In War ». Est-ce une façon de vous démarquer ?

Oui, nous voulions repousser les limites et faire ressortir notre amour pour le death-thrash. « Forged In War » est en partie le résultat d’une expérimentation pour savoir jusqu’à quel point nos guitares pouvaient être heavy. Apparemment, assez heavy !


Photo : Janica Lönn

La chanson « Borderland » inclue un passage du poème Le Testament de Taras Schevchenko, un auteur ukrainien du 19e siècle. Pourquoi ce choix ? Je ne sais pas quand tu as fini d’écrire cette chanson, mais je suppose que tu as voulu évoquer ce qu’il se passe en Ukraine.

La chanson avait déjà pour thème la souffrance des civils durant la guerre, mais quand la Russie a envahi l’Ukraine, j’ai changé mes paroles pour décrire de façon directe l’horrible situation actuelle. L’un de mes meilleurs amis vient d’Ukraine et je me rappelais qu’il m’avait déjà parlé de ce poème avant, nous avons décidé avec lui que ce serait vraiment approprié de l’inclure.

Vous avez enregistré et produit l’album vous-même. En quoi est-ce important pour vous ?

L’intérêt de produire nos albums nous-mêmes est de pouvoir conserver une certaine souplesse dans nos compositions et structures de nos chansons jusqu’au dernier moment du mixage. De cette façon, il n’y a pas de distinction nette entre l’écriture et l’enregistrement, contrairement à ce que travailler avec un producteur nous obligerait de faire : d’abord l’écriture, puis l’enregistrement, et enfin le mixage. En contrepartie, ce n’est pas toujours évident de rester objectifs sur nos chansons, et c’est difficile de savoir quand l’une est « prête » ou « assez bonne ». Je dois écouter les chansons des milliers de fois pendant tout le processus. Par contre, avec cet album, je ne me suis lassé d’aucune chanson, ce qui est bon signe !

En bonus track, on retrouve « Diabolis Interium », qui m’a surprise car c’est un tout autre genre, surtout qu’il suit «All As One» qui comportent des parties assez calmes. Pourquoi avoir choisi de reprendre ce morceau de Dark Funeral ?

Cette reprise est une ode à notre relation avec notre batteur Patrik Fält car Dark Funeral est l’un de nos groupes préférés que nous avions en commun quand il a rejoint le groupe en 2012. Nous avons toujours voulu faire une sorte de reprise, et nous voulions choisir un titre et un style vraiment différent du nôtre.

Cette influence black metal se voit aussi dans l’artwork de l’album, surtout après le coloré Wings of Fire !

Oui ! Nous voulions une pochette qui reflète l’ambiance sombre et divisée du monde pendant ces dernières années, tout en rendant hommage à nos racines qui sont très influencées par le black metal.

Le nouvel album sort sur Napalm Records. Comment s’est présentée cette opportunité, et que peut vous apporter ce label ?

Il y a deux ans environ, je faisais tranquillement mes courses quand mon téléphone a sonné. Je suis resté bouche bée quand, sans crier gare, j’ai vu que c’était un message de Napalm Records me demandant si nous serions intéressés pour une collaboration. Oh que oui ! Brymir est un groupe indépendant depuis longtemps, et c’est vraiment très précieux d’avoir enfin un partenaire qui a de l’influence sur la scène européenne. Nous avons un assez grand public en Finlande, et avec Napalm à nos côtés, nous avons une opportunité de toucher plus de monde !

Vous avez quelques festivals de prévus cet été. Comment cela se passe pour l’instant ?

Nous adorons jouer dans les festivals et les concerts que nous avons pu faire ont été simplement excellents ! Cette année est un peu plus calme en termes de festivals d’été, mais avoir un été plus calme, avec beaucoup de parties de pêche, est vraiment bienvenu après des mois intenses pour terminer l’album.

Peut-on s’attendre à une tournée européenne cette année ou l’année prochaine ?

Oui ! Nous venons d’annoncer une grosse tournée européenne pour novembre (avec Finntroll et Skálmöld – NDLR) et nous espérons avoir plus de dates à l’international l’année prochaine.

Une dernière chose à ajouter, ou un message pour les fans français ?

Nous avons hâte d’enfin venir jouer en France – à bientôt !

Voices In The Sky sort le 26 août via Napalm Records.

Précommandes : napalmrecords.com/brymir

Dates françaises du “Vredesvävd” Tour avec Finntroll et Skálmöld :

  • 2022-11-27 FR Istres, L’Usine
  • 2022-11-30 FR Toulouse, Le Metronum
  • 2022-12-01 FR Lyon, Ninkasi Kao
  • 2022-12-02 FR Limoges, CC John Lennon
  • 2022-12-03 FR Angers, Le Chabada
  • 2022-12-04 FR Paris, Le Petit Bain
  • 2022-12-07 FR Lille, Le Splendid

Flora

Rédactrice en cheffe et créatrice de Long Live Metal

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