Il est temps de faire un petit retour sur l’année 2020. Année bien mauvaise dans l’ensemble, mais qui nous a apporté quelques pépites. Voici donc un résumé sur ce que j’ai aimé écouter, et sur mes déceptions.
Coups de cœur
Dark Tranquillity – Moment
Le premier titre, « Phantom Days » était déjà prometteur. Un morceau accrocheur, entêtant, s’inscrivant dans la continuité d‘Atoma. Celui-ci a suffit à me convaincre de m’offrir à la fois un accès au livestream « Moment », et l’album en digipack avant même de l’avoir écouté. Je réserve ce privilège seulement à une poignée d’élus (pour raisons financières).
Avec Moment, Dark Tranquillity nous propose un death mélodique plutôt accessible, et assez classique en somme. Mais de très bonne facture. Le groupe a pris son temps pour façonner ce disque, il semblerait que cela lui ait réussi. Tantôt sombres (« A Drawn Out Exit », aux riffs lourds et au chant entièrement growlé), tantôt plus lumineuses (« Standstill »), le groupe cherche à maintenir un certain équilibre en variant les ambiances. La guitare lead cisèle des mélodies avec soin et délicatesse, le chant clair de Mikael Stanne délivre des refrains élégants, aux aspirations parfois gothiques. On pourrait reprocher à cet album de se complaire dans une formule éculée, sans prendre vraiment de risque. Le groupe choisit ici d’honorer son style. Parfois, il est bon de perfectionner son art, avant de le diversifier.
Paradise Lost – Obsidian
Je l’avoue, un peu honteuse, je ne connais pas trop Paradise Lost. Les maîtres du metal gothique affichent trente ans de carrière au compteur, c’est pourtant le premier album des Britanniques que j’achète.
Me voici donc avec Obsidian entre les mains, à me demander ce que ça donne, Paradise Lost en 2020. Déjà, l’obsidienne est une pierre aux vertus intéressantes. Protectrice contre les énergies négatives, elle aide à retrouver la paix intérieure et le calme de l’âme. C’est donc une belle promesse que nous fait le titre de l’album.
« Darker Thoughts » débute avec une douce mélancolie, acoustique, avant de prendre une tournure plus intense. L’émotion me gagne, la mélodie me touche en plein cœur. C’est de bonne augure ! « Fall From Grace », plus lent, puis surtout le single « Ghost » orienté goth rock continuent de m’emporter. Trois titres et déjà trois « ambiances » : l’album est varié, ce qui évite un éventuel décrochage. Peut-être pourrait-on reprocher quelques passages un peu trop classiques (« Forsaken »), mais ce serait chercher un peu la petite bête, compte tenu de la qualité de cet album. Les mélodies sont soignées, les chœurs utilisées avec parcimonie, les guitares obsédantes (« Serenity »), le chant de Nick Holmes élégant en chant clair (« Ending Days ») comme en growls. Le groupe préfère la sobriété, finalement plus marquante, évitant ainsi de noyer son propos dans la surenchère d’effets. Enfin le dernier titre, « Ravenghast », nous présente la facette doom ténébreuse du groupe anglais. A noter deux titres bonus de qualité, « Hear the Night » et « Defiler », complètent la version digipack.
Accessible, cet album présente tous les éléments ou presque ayant façonné la carrière de Paradise Lost. Obsidian est un très bon album qu’il serve ou non d’introduction à la musique de Paradise Lost.
Draconian – Under a Godless Veil
S’il est bien connu des amateurs de doom gothique, le groupe suédois reste relativement discret malgré une carrière déjà de longue date. Under A Godless Veil est en effet leur septième album studio, le deuxième avec leur chanteuse actuelle, Heike Langhan.
Il m’a suffit d’écouter le single « Sleepwalkers » pour commander l’album. Draconian nous offre un album atmosphérique, sombre, où le metal gothique « beauty and the beast » (growls masculins et chant mélodique féminin) est sublimé. Comment ne pas tomber sous le charme de la voix délicate et envoûtante de Heike Langhan ? S’il fallait la comparer à une autre chanteuse, on citerait sûrement Sharon Den Adel. Ceux qui préféraient l’époque Enter de Within Temptation devraient s’intéresser cet album, qui bénéficie heureusement d’une meilleure production. Toutefois, Draconian puise autant dans dans le metal gothique que dans le doom, s’autorisant même des influences plus extrêmes (« The Sethian ») ou progressives (« Night Visitor »). Les ambiances sont lourdes, sombres. La voix gutturale et torturée d’Anders traduisent mélancolie, désespoir. Face à elle, la voix éthérée de Heike apporte la lumière de la rédemption. Un album sombre et élégant.
My Dying Bride – The Ghost of Orion
On reste dans le metal mélancolique avec My Dying Bride, pionniers du death-doom metal avec Paradise Lost et Anathema. The Ghost Of Orion se veut mélodique, les growls laissant la place au chant clair la plupart du temps. Ceci dit, on ne peut pas dire que l’album est très facile d’accès. Les morceaux sont longs, lents, et la tristesse qui s’en dégage peuvent être difficiles à digérer, et la monotonie pourrait même s’installer après quelques titres. Il faut un peu de bravoure pour écouter l’album d’une traite, mais celui qui fera l’effort découvrira de jolis surprises, comme la voix de Lindy-Fay Hella du groupe folk nordique Wardruna sur « The Solace », morceau nous invitant à la contemplation avec son ambiance païenne.
The Birthday Massacre – Diamonds
On ne peut pas dire que l’on soit surpris à l’écoute de Diamonds, 8e album du groupe canadien. The Birthday Massacre a toujours le même style, à savoir un savant mélange d’electro/ synth-pop et de rock/metal. Rien de bien nouveau sous la lune, mais on retrouve quand même le groupe avec plaisir, pour peu que l’on soit tombé sous le charme de leur univers noir et violet. Avec Diamonds, le groupe accentue un peu le côté pop electro de leur son, toujours avec cette influence 80s. La voix douce de Chibi est toujours agréable, nous guidant entre ombre et lumière. Honnêtement, ce n’est pas mon album préféré de The Birthday Massacre, mais la formule fonctionne toujours.
Katatonia – City Burials
Katatonia a sorti en 2020 son 12e album, City Burials. Evoluant d’abord dans le doom death dans les années 90, le groupe produit aujourd’hui des titres orientés rock/metal atmosphérique, progessif. Le single « The Winter of Our Passing » et son refrain très efficace m’a convaincu d’écouter l’album. Plusieurs titres sont orientés pop rock, comme « Vanishers » ou « Lacquer », aux instrumentations plus minimalistes. Les racines métalliques ne sont pourtant jamais très loin, se devinant ici ou là en filigranes, ou plus directement comme le heavy « Neon Epitaph ». Bref, je trouve City Burials difficile à apprivoiser au premier abord, surtout lorsqu’on préfère les riffs bien lourds. Mais ceux qui aiment les ambiances froides et le rock atmosphérique devrait apprécier.
Amaranthe – Manifest
Amaranthe est sans doute un de ces groupes que tout le monde déteste mais qui arrive à jouir d’un succès grandissant. La recette death mélo/pop/dance d’Amaranthe a de quoi faire grincer des dents, mais quand même, elle fonctionne. Je serais bien embêtée pour situer cet album dans la discographie du groupe suédois que je n’écoute qu’à l’occasion. Mais honnêtement, un petit Amaranthe de temps en temps, c’est fun, ça met la pêche en faisant le ménage. Avec Manifest, pas de grand bouleversement, on retrouve la formule qui l’a fait connaître. C’est divertissant, attention quand même à l’indigestion.
Finntroll – Vredesvävd
Je ne suis pas une grosse consommatrice de folk metal, encore moins de black metal. Pourtant, l’ouverture de Vredesvävd, « Väktaren » et ses airs de musique de film d’heroïc fantasy, ou le single « Ormfolk » me font voyager dans des contrées lointaines, où une sombre forêt dévoilerait une taverne en son cœur. En plein confinement, ça fait du bien. Moins de 40 minutes, les titres s’enchaînent à un rythme effréné. Finntroll, de retour après 7 ans d’absence, nous sert un album folk metal festif bien construit. Les Finlandais restent une référence en la matière.
Déceptions
Nightwish – Human. :||: Nature.
L’album me surprend d’abord par sa forme : un double album. D’un côté, une partie de titres de metal symphonique « classique », de l’autre une partie instrumentale, ornée tout au plus de quelques vocalises. Les fans ne sont guère étonnés par la démarche, Tuomas Holopaien, tête pensante de Nightwish, n’ayant jamais caché son goût pour la musique orchestrale et les bandes originales de films. Cependant, le format est inédit pour le groupe.
En effet, seulement 9 titres metal à se mettre sous la dent, et malheureusement aucun long morceau à la Poet and the Pendulum ou The Greatest Show on Earth. Durant les premières écoutes, je découvre un album à l’écriture plus complexe : la structure des chansons et moins évidente, le rythme plus difficile à déchiffrer (Music). Difficile de ne pas évoquer le moment de grâce qu’offre Shoemaker. Certainement l’un des meilleurs titres, débutant par des riffs bien heavy, et s’achevant sur la magnifique voix soprano de Floor Jansen. Le CD instrumental, est lui un unique titre, All the Works of Nature Which Adorn the World, divisé en 8 parties. Véritable ôde à la nature, la musique nous invite à la contemplation, au voyage en mer (The Blue) ou dans les prairies (The Green).
Avec Human. :|| : Nature, le groupe expérimente et se démarque encore une fois des autres acteurs du genre en prenant des risques. Cependant, plusieurs mois après sa sortie, je dois reconnaître écouter assez peu cet album. Malgré ses qualités et sa recherche de créativité, je trouve trouve le tout en deçà des productions précédentes. Où sont les chansons épiques ? Les singles « Noise », « The Harvest » ou « How’s the Heart », semblent trop faciles, déjà entendus… et donc n’ont rien de marquant. Il y a des bons moments comme « Pan » et ses claviers rappelant le bon vieux temps, ou « Tribal » et ses sonorités à la fois metal et « jungle », mais cela ne suffit pas à rendre l’album percutant dans son intégralité. Quant à la partie instrumentale, j’avoue que ce n’est pas ma tasse de thé…
Delain – Apocalypse & Chill
J’ai beau faire l’éloge de Delain dans les pages de ce blog, je place Apocalypse & Chill dans mes déceptions. Comme pour Nightwish, ça me fait mal. Après un Moonbathers enchanteur, l’EP Hunter’s Moon prometteur, et la lecture de chroniques élogieuses, je m’attendais à adorer ce nouvel album.
De bonnes choses, il y en a pourtant. Tout d’abord, la voix de Charlotte Wessels bien sûr, tour à tour douce, nuancée, chuchotée (« Chemical Redemption », « Legions of the Lost ») et puissante (« Masters Of Destiny », très bon mais déjà sorti sur Hunter’s Moon). Ensuite, le chant masculin, autrefois attribué à Marko Hietala (ex-Nightwish – ça aussi ça me fait mal), revient cette fois au guitariste, Timo Somers. Et il se trouve qu’il chante vraiment très bien, en chant clair comme en chant hurlé (plus metalcore que death metal). Yannis Papadopoulos (Beast in Black) intervient sur « Vengeance », malheureusement sa présence est à mon sens mal exploitée. L’album se conclue avec un morceau signé Timo. A l’instar du sublime « The Silence Is Mine » sur Hunter’s Moon, le guitariste propose un morceau entièrement instrumental teinté de progressif. Voici une nouvelle facette du groupe qui me plaît beaucoup, malheureusement trop peu présente.
Si l’album présente de beaux moments symphoniques, les refrains restent sans grande saveur. On peine à retenir les titres, et quand ils finissent pas rentrer en tête, c’est parfois agaçant (« One Second » est horripilant). Il y a sans conteste du bon dans cet album, mais je n’ai pas réussi à vraiment accrocher. Dommage. Je passe mon tour pour cette fois.
Within Temptation – « Entertain You »
Décidément, cette année n’est pas un grand cru pour le metal sympho… Alors oui, Within Temptation ne fait plus vraiment de sympho, mais reste affilié à la scène. Après la sortie du mitigé Resist, le groupe déclarait ne pas prévoir de travailler sur un nouvel album, mais plutôt de sortir de nouveaux titres au fur et à mesure de leurs créations. Ainsi, fin 2020 le groupe nous tease un bon moment, avant de sortir « Entertain You ». Et franchement, ce n’est pas ce single qui réconciliera le groupe avec ceux déçus par Resist, voire depuis plusieurs années. Trop d’effets sur la voix de Sharon Den Adel, un refrain pop peu inspiré… Bof bof… Le groupe a depuis sorti un autre single, « The Purge », selon moi beaucoup plus agréable avec son petit côté The Birthday Massacre, mais pas de quoi se relever la nuit non plus.
Et voilà pour 2020… Et vous, quels albums avez-vous aimé ou détesté ? N’hésitez-pas à en discuter en commentaire !
Une réflexion sur « Bilan 2020 : meilleurs albums metal… et déceptions »