
Date de sortie : 3 octobre 2025
Label : Epitaph Records
Genre : Rock/Post-hardcore
Il est parmi ces groupes qui ont marqué toute une génération, à une époque où les découvertes se faisaient via les magazines, les clips sur MTV ou les CD gravés échangés entre amis. Figure de proue de la scène post-hardcore américaine des années 2000 grâce au succès des albums incontournables The Illusion of Safety, The Artist In The Ambulance et Vheissu, aux côtés de groupes tels que Alexisonfire et Thursday, THRICE a ressenti, comme ses comparses, le besoin de marquer une pause en 2012, malgré un line-up d’une solidité à toute épreuve. Le quatuor revient quelques années plus tard, avec une formule renouvelée, n’hésitant pas à diversifier son jeu avec des sonorités issues du post-rock. Après une virée à l’Est, cap à l’ouest avec Horizons/West, une orientation évoquant l’obscurité qui s’installe et l’introspection.
Après 25 ans de carrière et des albums solos indie/folk en parallèle, Thrice reste, malgré ses nouvelles influences, assez fidèle à lui-même, entre émotions à vif et énergie débordante. « Blackout », titre d’ouverture, démarre avec une première partie atmosphérique, menée par la voix reconnaissable de Dustin Kensrue, avant de prendre une tournure très rock. « Gnash » mise sur la lourdeur des guitares, agrémentées de quelques sonorités synthétiques, offrant un break final se rapprochant du metalcore, genre ô combien actuel. La basse, très groove, mène la danse sur « Albatross », un morceau mélodique plus léger, optimiste, où la guitare se fend d’un solo aérien, captant toute la lumière, avant que le soleil ne se couche… « Crooked Shadows » et « Holding On » se dirigent vers un punk rock nous ramenant avec un brin de nostalgie à nos jeunes années : le temps passe, le monde a changé. Ce constat amène le groupe à explorer différents thèmes : « Une grande partie de ce disque est consacrée à l’analyse de la réalité. Nous sommes constamment influencés par les algorithmes, par la peur, par nos propres chambres d’écho sociales. Horizons/West tente de lever le voile sur certaines de ces choses. »
A l’inverse de ces moments de lumière, d’autres titres explorent des territoires plus sombres. La puissance et l’émotion de « The Dark Glow » rappellent le style d’un « The Earth Will Shake » (Vheissu), tandis que « Distant Suns » joue avec la mélancolie. Mais plus qu’un jeu de contraste entre l’ombre et de lumière, Horizon/West est aussi un lieu d’expérimentation, de l’interlude atmosphérique voire cinématographique de « Dusk » à « Vesper Light », où la voix de Kensrue s’aventure dans un registre moins attendu, sa voix naviguant du plus grave au plus aigu. Enfin, « Unitive/West » clôt ce chapitre dans un style à mille lieues du post-hardcore, laissant l’auditeur terminer ce voyage introspectif via des sonorités de musiques du monde, dans une ambiance spirituelle, méditative. Peut-être une manière de nous inviter à nous reconnecter à l’essentiel.
Produit et enregistré par Thrice puis mixé par Scott Evans (Kowloon Walled City, Neurosis…) et masterisé par Matthew J. Barnhart (Pelican, METZ…), Horizons/West propose un voyage musical entre post-hardcore et rock, à la fois fougueux et mélancolique, voire planant, démontrant une certaine volonté de créativité et d’expérimentation. Ceux qui (comme moi) avaient perdu de vue le groupe au fil du temps, seront rassurés de retrouver, malgré l’apport de nouveaux éléments, ces sonorités familières qui font le style Thrice depuis bientôt trois décennies.
