MÅNEGARM | Interview d’Erik Grawsiö

MÅNEGARM a sorti son nouvel album Ynglingaättens Öde le 15 avril dernier via Napalm Records. A cette occasion, j’ai pu poser quelques questions à Erik Grawsiö, chanteur et bassiste.

Crédit photo : ISAK SKAGERSTRÖM

Votre tout nouvel album, Ynglingaättens Öde est sorti il y a quelques semaines déjà. Quels retours avez-vous pu lire des fans et de la presse ? En êtes-vous satisfaits ?

Nous avons lu quelques chroniques et pas mal de commentaires postés sous les vidéos. Je dois dire que les retours sont très bons, les gens ont l’air d’apprécier l’album, cela nous fait très plaisir.

L’une des premières choses que l’on remarque quand on découvre cet album, mais aussi les précédents : vos paroles sont en écrites en suédois. Était-ce un choix évident ou avez-vous hésité avec l’anglais de peur que la carrière du groupe en pâtisse ?

Nous avons toujours, et ce depuis nos débuts en 1995, écrit nos textes en suédois. C’était l’idée quand on a commencé le groupe : jouer du metal avec les paroles en suédois à propos de la mythologique nordique et la période Viking. Nous n’avons rien contre du tout l’anglais, nous avons même écrits 10 ou 15 chansons en anglais au fil du temps, mais le suédois reste notre langue principale.

Justement, vous avez quand même enregistré des versions en anglais de plusieurs de vos nouvelles chansons, comme par exemple le bonus track «The Wolfheart» pour «Ulvhjärtat».

Nous avons eu l’idée de proposer un album bonus entièrement en anglais. Mais lors de l’enregistrement, nous nous sommes rendu compte que ce serait impossible. Nous n’avions pas le temps d’enregistrer toutes les voix. Cela demande pas mal de temps, en tout cas pour moi, d’enregistrer toutes les parties vocales en anglais et en suédois, sans oublier les chœurs, les harmonies, etc. Nous avons finalement décidé avec notre label d’enregistrer trois titres en anglais. L’une (The Wolfheart/Ulvhjärtat) pour la version digitale de l’album, et deux autres chansons (Auns söner/The sons of Aun and Vitta Vettr) inclues sur un single 7″ dans un coffret en bois. Ces deux morceaux ne sont disponibles que dans ce coffret exclusif.

Les paroles d’Ynglingaättens Öde sont inspirées par le poème Ynglingatal, qui évoque la dynastie Yngling. Comment avez-vous eu l’idée de parler de ces rois ? Est-ce que leur histoire est bien connue en Suède ou avez-vous dû effectuer un travail de recherche complexe ?

Disons que si tu as quelques connaissances en histoire et poèmes anciens, tu la connais ! Mais beaucoup de gens la connaissent par Snorri Sturluson. Il a écrit la Saga des Ynglingar, l’une des premières sagas de son recueil intitulé Heimskringla (Heimskringla est le nom usuel pour désigner la Saga des rois de Norvège qui dépeint la dynastie Suédoise Ynglinga et certains rois de Norvège). La Saga des Ynglingar ressemble à une version poétique du vieux poème Ynglingatal. Ce dernier décrit cette dynastie de chefs et rois : comment ils vivaient, dirigeaient et mourraient. Il date des années 900 et peut-être même avant, on est dans l’Âge de Vendel ou au début de l’Âge Viking.

C’est Jakob (Hallegren, batteur – ndlr) qui a eu l’idée d’un concept album centré sur ce poème. En fait, cette idée remonte à plus longtemps, avant l’album Fornaldarsagor, quand Jakob étudiait l’ancienne religion nordique à l’université. Il a eu l’honneur d’avoir le professeur O. Sundqvist comme enseignant, qui a écrit un essai dans ce domaine. Mais à l’époque c’était encore juste une idée, rien n’a été écrit. Plus tard, quand j’ai commencé à composer de nouvelles chansons pour Månegarm, nous avons senti qu’avec la variété qu’offrait la musique, c’était le bon moment d’exploiter cette idée. Jakob est très précis et a fait beaucoup de recherches.

Vous avez commencé en tant que groupe black metal, mais après 25 ans, votre musique a bien sûr évolué. Aujourd’hui, votre son est plus accessible et plus varié, avec de la folk même si on entend toujours un peu de black ! Dirais-tu que Månegarm a trouvé le bon équilibre et son propre style ?

Je pense que nous avons trouvé notre style il y a de nombreuses années. L’évolution de Månegarm a été naturelle et nous n’avons jamais eu pour objectif d’évoluer dans une direction ou une autre. C’est juste quelque chose qui arrive quand on compose. Les deux premiers albums étaient bien plus « black metal » avec un son plus brut. Nous étions jeunes et forts à cette époque, donc la musique était plus rapide ! Mais c’était il y a 20 ou 25 ans, c’est difficile de comparer les albums de cette époque avec ce que nous faisons actuellement. Le processus d’enregistrement, la production, le budget, l’inspiration… Tout était différent !

À mon avis, nous sommes passés d’un son orienté black metal à un son plutôt « Viking metal » déjà en 2003 à la sortie de notre troisième album Dödsfärd. Celui-là avait déjà ce côté folk, avec une cadence plus lente, les chansons étaient plus accrocheuses notamment grâce au violon et au chant clair. Depuis, nous essayons juste d’améliorer notre musique et de la développer dans une le cadre de Månegarm, avec pour seul but de livrer de la bonne musique. Nous aimons notre style, nous aimons ce qu’on fait, c’est tout ! Nous essayons d’évoluer et trouver des nouvelles choses intéressantes à explorer, bien sûr ! Mais cela ne se fera jamais aux dépens du « son Månegarm » ! Il faut que cela sonne comme du Månegarm !

Il y a beaucoup d’invités qui apparaissent sur cet album. Commençons par certainement la plus importante pour toi : ta fille Lea, qui chante sur le single “En snara av guld”. Comment ça s’est passé ? Est-ce que c’est toi qui lui a demandé de vous rejoindre une fois la chanson écrite, et qui a voulu ajouter la voix d’une jeune fille ? Ou aviez-vous déjà prévu de collaborer ? Penses-tu qu’on pourra l’entendre encore à l’avenir ?

La chanson était déjà presque terminée quand on s’est rendu compte qu’elle manquait de dynamiques. J’ai donc ajouté cette partie acoustique, puis je me suis dis qu’elle serait bien avec des voix féminines. J’ai d’abord pensé à demander à Ellinor Videfors mais j’étais tellement pressé d’essayer que j’ai demandé à Lea de m’aider. Elle a suivi des cours de chants (justement avec Ellinor) et comme j’ai mon petit studio à la maison, c’était facile d’essayer, juste pour voir ce que ça donnerait. Et le résultat était bien meilleur que je n’avais pu l’espérer. Lea a une voix jeune et fragile, mais qui colle parfaitement à la musique. Cela crée toute l’atmosphère de la chanson. Je suis très fière d’elle, et si elle veut revenir chanter, elle est la bienvenue.

Il y aussi ce power trio invité sur «Stridsgalten»: Jonne Järvelä (Korpiklaani), Robse Dahn (Equilibrium) et Pär Hulkoff (Raubtier/Hulkoff). Peux-tu nous parler de cette collaboration ? Je pense que ce morceau se distingue vraiment des autres, avec son côté assez épique.

J’aime beaucoup quand des groupes collaborent et j’ai pensé que ce serait cool d’ajouter d’autre voix sur ce titre. J’ai beaucoup écouté le dernier Korpiklaani, Jylhä, un très bon album avec un chant excellent. J’aime beaucoup la voix de Jonnes, alors je lui ai demandé s’il voulait participer et il a dit oui tout de suite !

J’ai demandé à Hulkoff parce qu’il était temps qu’il me rendre la pareille ! J’ai chanté sur son album Pansarfolk donc je me suis dit qu’il pourrait travailler sur du Månegarm ! Il a cette voix grave et particulière parfaite sur cette partie du titre.

Robse a des put**** de growls que je voulais absolument pour cette chanson. Robse était chaud toute de suite aussi. Nous avons déjà rencontré ces gars avant, en concerts et en tournée. Je suis vraiment heureux qu’ils aient eu envie de participer à cet album.

Et puis, il y a Ellinor Videfors qui chante avec toi sur le morceau acoustique qui conclue l’album. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’elle apparait sur un album de Månegarm. Comment l’as-tu rencontré et invité à participer aux albums ?

Ellinor est une de mes amies, on est allé à l’école ensemble et on se connait depuis des années et des années. C’est la troisième fois qu’elle participe et nous sommes ravis qu’elle veuille nous aider. Elle est adorable et a la plus belle voix !

Tu l’as sûrement remarqué, la figure du Viking est devenu très populaire ces derniers temps. Il y a ces séries à succès comme Vikings ou The Last Kingdom, et maintenant The Northman au cinéma. Qu’en penses-tu ? Crois-tu que cela pourrait apporter plus de la lumière sur la scène Viking metal ?

Même si les vikings n’étaient pas seulement des berserker, mais aussi des marchands, des fermiers, des grands constructeurs de navire, ils étaient malgré tout connus surtout pour être des guerriers forts, robustes, fous qui attaquaient et tuaient. Tout ça, en plus des sagas, mythes et histoires super cools, est parfait pour créer des séries er des films. Ça ne me surpend pas du tout que ces programmes soient si populaires. Les gens aiment les histoires palpitantes d’aventures. Moi-même j’aime bien les regarder, mais c’est seulement du divertissement. Nous avons commencé en 1995 donc je suppose qu’on était en avance sur cette mode. Si cela apporte de l’attention à un groupe comme Månegarm ? Difficile à dire. J’espère un peu, mais je n’en sais trop rien.

En parallèle à la carrière du groupe, vous avez crée votre propre festival, le Månegarm Open Air. Une nouvelle édition va enfin avoir lieu cette année 2022, après deux annulations dues aux restrictions sanitaires. Est-ce que le festival a souffer de ces deux annulations ? Qu’attend-tu pour cette année ?

En fait, nous n’avons subi aucune conséquence négative. La pandémie est arrivée avant que nous n’engagions des dépenses. Il a juste fallu demander l’annulation de la scène, du son, des lumières, ce genre de choses. Mais pas de pertes financières, donc ça a été. Maintenant que c’est dernière nous, on va pouvoir reprendre et nous sommes impatients ! Nous avons un super line-up, ça va être vraiment sympa !

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans la gestion d’un festival ? Quel sera ton line-up rêvé pour le Månegarm Open Air ?

Ce que je préfère, c’est l’atmosphère et voir les gens heureux. Cela demande un travail énorme, et en même temps c’est l’une des choses les plus fun que l’on ait fait ensemble. On s’amuse beaucoup et nous sommes aidés par des gens géniaux. Mon line-up rêvé ? Question difficile ! Il y a tellement de groupes excellents que je ne saurais dire.

En parlant de concert : pourra-t-on bientôt voir Månegarm en France ?

Nous étions programmés à un festival appelé Landes After Dark en septembre 2021. Il a été repoussé au 17 septembre 2022 je crois. Nous n’avons pas eu de nouvelles depuis un moment donc on verra ce qu’il en est. Ce sera vraiment sympa de revenir en France en tout cas, ça fait un moment !

Merci infiniment d’après pris le temps de répondre à mes question ! Veux-tu ajouter quelque chose ?

Merci à toi ! On espère tous vous voir sur un jour, quelque part sur la route.

Rock n’ Roll

Le nouvel album de Månegarm, Ynglingaättens Öde est actuellement disponible via Napalm Records.

Lire la chronique de l’album

Merci à Erik Grawsiö de Månegarm et à Sounds Like Hell Productions d’avoir rendue possible cette interview.

MÅNEGARM :

Erik Grawsiö - chant, basse
Markus Andé - guitares
Jakob Hallegren - batterie


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Flora

Rédactrice en cheffe et créatrice de Long Live Metal

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