EDGE OF PARADISE – Entretien avec Margarita Monet

Le groupe metal mélodique EDGE OF PARADISE a récemment sorti Hologram, son cinquième album, via Frontiers Music Srl. Plus qu’une collection de nouveaux titres, l’album s’inscrit dans un univers à la fois musical et visuel futuriste inspiré par la science-fiction, initié par Universe (2019) et The Unknown (2021). Retour sur sa création avec la chanteuse et claviériste Margarita Monet, qui m’a aimablement accordée cette interview.

Bonjour Margarita, je suis très heureuse de faire cette interview avec toi, merci beaucoup ! Comment vas-tu ? Cela fait un peu plus d’un mois que le nouvel album de Edge of Paradise, Hologram, est sorti ! Quels sont les retours ?

Merci à toi pour l’invitation ! L’album est sorti lorsque nous étions en tournée, en fait notre label l’a sorti avant la date de sortie que nous avions prévue. Nous avons été surpris et nous avons commencé à voir des réactions. C’était vraiment super de voir quelle était la réaction des gens sur des chansons que nous étions déjà en train de jouer live.

Avant de parler de l’album, peux-tu revenir sur les débuts du groupe pour ceux qui vous découvrent aujourd’hui ? Comment est né Edge of Paradise ?

Le groupe a démarré lorsque j’ai rencontré Dave. Il est guitariste. Tu sais, il faut toujours quelques années pour vraiment savoir ce que tu veux faire, quel son tu veux. En fait, on peut dire que le groupe a vraiment commencé avec notre album Universe, car c’est le moment où nous avons vraiment forgé notre son. A ce moment-là, nous savions quel groupe nous voulions être, avec quel son, et quel line-up. En 2018, nous avons commencé à écrire Universe, qui est ensuite sorti en 2019, et nous sommes partis en tournée avec Sonata Arctica en Europe. Je crois que c’est là que le groupe est devenu ce qu’il est aujourd’hui.

Pour en revenir aux débuts, la première chanson que Dave et moi avons écrite est « In A Dream », et tu peux toujours écouter la version acoustique sur Internet. Quand nous avons commencé, nous venions tous les deux d’univers complètement différents. Il était guitariste heavy metal, et je viens de la musique classique en tant que pianiste, et du théâtre. Il nous a fallu du temps pour trouver comment associer nos deux styles. Mais cela a été un parcours vraiment très intéressant. Nous avons connu des hauts et des bas, mais cela a fait de nous ce que nous sommes, et cela nous a rendus plus forts en tant que musiciens et en tant que personnes. Cela se reflète dans notre musique.

Tu es chanteuse et musicienne, mais pas seulement ! Tu as produit l’album je crois, et tu as même réalisé le livret qui accompagne l’album !

Oh oui, oui, on aime mettre la main à la pâte je crois ! Concernant la musique, nous travaillons depuis un certain temps avec Mike Plotnikoff, qui a co-produit l’album. Nous avons aussi travaillé avec Howard Benson pour la production, mais c’est vrai que nous faisons beaucoup de choses nous-mêmes, comme l’édition, les arrangements… Concernant le design, je crée beaucoup d’artwork. Mais je n’ai pas fait celui de la couverture de l’album. Je pense que c’est une trop grande responsabilité. J’ai toujours voulu avoir un super artiste pour le faire. C’est Alex Ruiz qui a créé la pochette de l’album. Mais je m’occupe du reste, comme l’intérieur du livret, et tout le reste, comme les posters et le merchandising.

Mais tu pourrais te charger de la couverture de l’album, tu créé des tableaux correspondant à chaque chanson je crois.

Oui, en effet. J’ai déjà fait cela pour l’album précédent. J’ai fait un artbook, avec les paroles et des illustrations. Il y a une peinture pour chaque chanson. J’ai toujours été dans le visuel. Quand j’écris les chansons, c’est comme si je les visualisais. Ce n’est pas exactement pareil quand je peins, mais cela m’inspire les couleurs et un univers dans lequel s’inscrivent les chansons. Oui, je suppose que je pourrais faire la pochette, mais je ne sais pas si je le ferais !

Revenons à la musique. Peux-tu me parler du processus de création ? Y’a-t-il eu un changement particulier comparé à l’album précédent ?

Pour l’écriture de l’album, nous travaillons un peu à l’envers en fait. J’aime m’assoir au piano et composer des morceaux cinématographiques. Donc les démos commencent par simplement des claviers avec des percussions et sonnent un peu comme des bandes originales de films. Ensuite, j’ajoute mon chant par dessus. Puis je vais en studio avec Mike Plotnikoff et j’enregistre mon chant, qui la plupart du temps reste tel quel. Nous faisons bien attention à ce que les arrangements conviennent bien, on les envoie à Dave et aux autres membres du groupe. Ils écoutent tout. Une fois le chant terminé, Jamie, notre batteur, apporte ses pistes de batterie, and cela change beaucoup la chanson. Il ajoute de l’énergie. Quand tout est structuré rythmiquement parlant, et que les arrangements sont faits, il faut ajouter les guitares. Dave et David, nous avons deux Dave dans le groupe, enregistrent les guitares, et enfin notre bassiste Kenny enregistre sa basse. Cela fait passer la chanson d’un morceau cinématographique en une vraie chanson rock/metal. Et je reviens, je refais mes parties aux claviers et les arrangements, car la chanson a beaucoup évolué dans tout ce processus. C’est vraiment cool de voir la différence. Quand toutes les chansons sont terminées, nous les envoyons à Jacob Hansen, au Danemark, et il apporte sa magie. Je ne sais pas comment il fait, mais quand le mixage est fait, tu peux toujours entendre tout, chaque instrument, et chaque élément, à la bonne place. Tu sais parfois, cela peut être frustrant, il y a tellement de pistes pour une chanson, et c’est le bazar ! Il faut bien placer chacune d’entre elle, et c’est quelque chose qu’il fait extrêmement bien. En ce moment, nous travaillons le mixage de notre nouvelle chanson, intitulée « Martyr ». J’ai hâte d’entendre le résultat !

Vous êtes déjà en train de travailler sur de nouvelles chansons ?

Oui, nous avons deux nouvelles chansons. Nous allons possiblement sortir une nouvelle chanson avant notre tournée avec DragonForce. Mais oui, nous travaillons en permanence sur de la nouvelle musique.

Okay, hâte d’entendre aussi comment elles vont sonner ! Car sur Hologram, votre son a évolué, il est un peu plus heavy.

Oui, c’est vrai. Je pense que l’énergie est différente sur cet album car c’est la première fois que tous les membres du groupe ont été impliqué à la fois dans l’écriture et dans l’enregistrement. Avant, c’était surtout Dave, Jamie et moi sur The Unknown, avec d’autres musiciens comme Ricky Benazzo, qui a joué de la basse sur les albums précédents. Nous n’étions pas autant une équipe que nous le sommes maintenant. Je pense que cela a donc apporté une énergie différente, un peu plus brute, un peu plus heavy. C’est aussi dû à l’histoire derrière l’album, plus dangereuse. Maintenant, nous sommes dans The Unknown (L’Inconnu), et c’est à nous de reconstruire le monde. Nous traversons des obstacles, et nous avons le personnage des Faceless dans cette histoire. Nous travaillons sur un roman graphique pour aller plus loin dans le récit, mais tout ceci a vraiment rendu la musique plus heavy.

Un roman graphique ? Quand pourrons-nous le lire ?

Probablement en début d’année prochaine. Avec les tournées qui arrivent, c’est un peu dur de se concentrer sur une seule chose. Je pense toujours « oh, pendant la tournée, je vais pouvoir faire ceci ou cela », parce que tu sais, les concerts ont lieu le soir, ce qui te laisse toute la journée. Mais cela ne marche pas vraiment comme ça, parce que tu arrives à la salle de concert vers 13h, ensuite tu as les balances, tu dois te préparer ensuite pour le concert… On est très occupés en tournée. Donc je ne sais pas encore à quel point je pourrais travailler dessus, mais j’ai déjà des illustrations. Il y a déjà plusieurs chapitres, et les grandes lignes. Il faut juste pouvoir se concentrer dessus et assembler le tout.

Vous faites beaucoup de choses ! Vous avez un univers vraiment complet, et les clips que vous avez sortis complètent votre univers.

Oui, nous avons une vidéo pour « Hologram », et une autre pour « Basilisk ». C’est intéressant, car, si tu reviens à l’intrigue, les chansons sont à l’opposé. « Hologram » est le commencement, et la première chanson de l’album. Nous atterrissons sur cette planète horrifiante, probablement la planète la plus dangereuse de l’univers. L’intrigue se base sur cette planète. On la surnomme Rain of Terror (Pluie de la Terreur) car il pleut des tessons de verre, et il y a une tempête constante, des températures très chaudes. Nous sommes capables de nous y rendre parce que nous sommes des hologrammes. Il serait impossible d’y survivre physiquement. Et nous faisons la rencontre de cette civilisation très avancée, les Faceless. Ensuite, « Basilisk » est l’histoire originelle. Dans l’album, nous avons un artefact qui est la clé pour fusionner la conscience et la super intelligence. Dans l’histoire d’origine, cet artefact est protégé par le basilisk (basilic). La chanson est incarnée par ce personnage du basilic. Le Faceless essaie de le trouver, c’est lui l’élu. C’est pourquoi elle (la commandante du vaisseau – ndlr) ne le tue pas. Il finit par trouver l’artefact, qui avait un rôle important dans sa civilisation. Beaucoup de choses dans le scénario y sont liées.

A quel point êtes-vous impliqués dans la création des vidéos ?

J’aime travailler avec d’autres personnes. Comme, par exemple, sur les vidéoclips pour The Unknown, réalisés par Scott Hanson. Je lui ai en quelque sorte donné les idées, puis il les a mis en place. J’adore travailler comme ça aussi. Récemment, nous avons travaillé avec Isaak Morin. J’aime aussi travailler avec lui. Il a une bonne vision et il comprend toutes les idées. Mais je suis un peu plus impliquée cette fois-ci parce que je monte les vidéos. Je suppose que je guide un peu plus sur quelles scènes nous devrions faire, les tenues et le genre de scénario des vidéos. C’est beaucoup de travail, mais j’ai une super équipe avec Isaak. Quand tu t’entoures de gens vraiment créatifs, que tu leurs donnes tes folles idées et que tout le monde est enthousiasmé, nous travaillons pour faire en sorte de les réaliser. C’est un moment amusant. J’ai vraiment envie de faire plus de vidéos pour cet album, donc nous verrons juste selon le timing.

On peut dire que Edge of Paradise est un groupe qui aime s’inspirer de la science-fiction. Quel est ton livre ou film de science-fiction préféré, et quelle est ta source d’inspiration ?

J’ai toujours adoré la science-fiction. C’est difficile à dire car en commençant le groupe, on ne sait pas à l’avance comment il va se développer. Mais je suppose que beaucoup de choses que j’aime s’immiscent dans ce que je fais. J’ai toujours adoré Star Trek, Star Wars, Interstellar, Inception… Un de mes films préférés est The Fountain. Ce n’est pas vraiment de la science-fiction mais il en a certaines caractéristiques. Je ne sais pas si tu l’as vu ? C’est vraiment un bon film, avec Hugh Jackman, Rachel Weiss. Elle a un cancer, et il est scientifique et essaie de la sauver… C’est de Darren Aronofsky, tu sais qu’il fait des films un peu perchés… Il y a différentes époques. C’est genre une âme qui vit à travers différentes époques, rien ne meut jamais. C’est vraiment bien, c’est un de mes préférés. J’aime les films un peu hors du commun et qui font réfléchir.

Cette année Edge of Paradise a un agenda chargé niveau tournée. Vous avez fait cette tournée américaine avec Lacuna Coil, The Birthday Massacre et Blind Channel. Vous allez bientôt repartir, cette fois aux côtés de DragonForce…

Tout à fait ! Dans deux semaines, un peu moins, nous allons jouer dans un festival ici, et ce sera sans doute notre plus gros festival jusqu’à présent. Il s’agit du Blue Ridge Rock Fest, il y aura plus d’une centaine de groupes, comme Pantera, Evanescence, Three Days Grace, Papa Roach et tellement d’autres. Nous avons vraiment hâte et sommes heureux d’en faire partie. Ensuite, nous serons en tournée avec DragonForce, Amaranthe et Nanowar of Steel. La tournée durera un mois, avec quelques dates au Canada. Ensuite nous partirons au Mexique pour la première fois ! Nous n’y sommes jamais allés. Nous y reverrons Lacuna Coil car ils seront aussi à ce festival, le Life After Death Horror Fest. Il y aura aussi Alice Cooper, Kamelot, Doro Pesch… Pleins de super groupes, nous avons hâte aussi d’y être. Et j’espère, bientôt en Europe. Nous avons l’intention de revenir en Europe l’année prochaine, j’espère que nous aurons bientôt des dates. Nous avons envie de revenir en France, en Allemagne et découvrir de nouveaux pays !

L’année prochaine ? C’est super ! En attendant, j’ai une question simple. Quelle est le meilleur moyen de vous soutenir ?

Et bien, nous sommes déjà très reconnaissant que les gens écoutent notre musique. Plus de gens écoutent ta musique, plus le groupe devient important. Donc que les gens rejoignent notre univers ! Bien sûr, vous pouvez acheter notre merchandising sur edgeofparadisestore.com et de venir à nos concerts ! Nous adorons rencontrer les fans et les saluer. Faire des concerts est ce que l’on préfère, car l’énergie est indescriptible, et nous aimons partager notre musique live. Je veux juste dire merci. Nous sommes reconnaissants pour les fans que nous avons, et d’en accueillir de nouveaux. Ce groupe a vraiment démarré de zéro. Ce sont les gens, les fans, qui nous permettent de faire ce que l’on fait. Parfois, certains débutent avec beaucoup d’aide, et cela n’a pas été notre cas. Nous devons tout aux gens, aux soutiens qui nous ont permis d’arriver où nous en sommes aujourd’hui et nous aident à grandir encore.

On peut aussi vous soutenir via Patreon.

Oui, nous avons un Patreon. Nous l’avons débuté durant la tournée. Il y a des avantages vraiment cools comme du merch, des démos… et des évènements VIP lors des concerts. C’est vraiment fun !

Pour finir, y’a-t-il des groupes que tu pourrais nous recommander ? Qu’aimes-tu écouter en ce moment ?

Oui, c’est intéressant car quand tu es en tournée avec certains groupes, tu te mets à les écouter… Lacuna Coil bien sûr, j’adore leur musique. Il y a un groupe vraiment bien en Italie qui s’appelle Carved. Nous sommes partis en tournée avec eux au Royaume-Uni l’an dernier. Nous aimons aussi beaucoup Temperance. Ils viennent juste de sortir de la nouvelle musique. J’aime écouter beaucoup de genres différents. J’adore Rammstein, et la musique industrielle. J’adore Nine Inch Nails. J’écoute toujours aussi beaucoup de musique classique et de musique de films. J’aime beaucoup Hans Zimmer, Clint Mansell. En revanche, quand nous composons, je me concentre sur ce que nous faisons et j’apprécie le silence. Mais sinon, il y a tellement de groupes géniaux à écouter.

Merci Margarita pour cette interview ! Un dernier message pour les fans français ?

Et bien, je veux simplement leur dire merci. Je me souviens quand on est venus en France, en 2019, c’était génial. Nous avons vu la Tour Eiffel scintiller, nous sommes aussi allés à Lyon, et dans plusieurs villes plus petites. Les gens ont été très accueillants. Je me souviens des bénévoles, qui étaient dans les salles et qui nous ont fait à manger, c’était super. Nous sommes très reconnaissants pour l’accueil et l’hospitalité, et pour l’enthousiasme du public. Nous aimons les Français. L’un de nos chers amis, Olivier, est d’un grand soutien en France. Grâce à lui nous avons un soutien au quotidien. Nous nous sommes faits beaucoup d’amis incroyables tout au long de ces années. Nous avons vraiment hâte de revenir !

Interview réalisée le 27 août 2023. Un grand merci à Margarita Monet pour sa disponibilité.

EDGE OF PARADISE – Hologram

Disponible depuis le 14 juillet 2023

Frontiers Music Srl

Retrouvez EDGE OF PARADISE sur :

Facebook / Instagram / YouTube / Site officiel

2 réflexions sur « EDGE OF PARADISE – Entretien avec Margarita Monet »

Laisser un commentaire