TURNSTILE – Never Enough

Date de sortie : 6 juin 2025

Label : RoadRunner / Warner

Genre : Hardcore moderne

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Qu’il est loin le temps des concerts dans les sous-sols de Baltimore ! Désormais habitué aux tournées internationales, Turnstile n’a cessé d’évoluer depuis une dizaine d’années, affirmant son identité musicale à travers une approche audacieuse et novatrice du hardcore. Animé par une volonté de casser les codes, le groupe s’est imposé comme l’un des fers de lance du genre, façonnant un univers atypique où l’énergie brute rencontre une recherche constante de renouvellement.

Dès 2011, leur premier EP « Pressure to Succeed » pose les bases d’un hardcore rapide et positif, bientôt enrichi par un deuxième EP « Step 2 Rhythm » (2013), qui voit leur fanbase grandir et leur réputation scénique se consolider. Fidèle à son ambition de briser les barrières entre le groupe et le public, Brendan Yates, leur frontman, fait alors de chaque concert une expérience immersive où la foule devient partie intégrante du show.

Avec leur premier album « Non-Stop Feeling » (2015), Turnstile amorce une évolution sonore en intégrant du funk, du hip-hop et du rock à ses compositions, attirant un public toujours plus varié. La transformation s’accélère avec leur second album « Time & Space » (2018), signé chez Roadrunner Records, où le groupe ose des expérimentations audacieuses : chœurs féminins, claviers psychédéliques… Résultat ? Une ascension fulgurante qui propulse le groupe sur la scène internationale.

Le tournant majeur arrive avec leur troisième album « Glow On » (2021), largement acclamé par la critique et couronné par trois nominations aux Grammy Awards. Turnstile devient un phénomène culturel, se produisant même sur le Jimmy Kimmel Live en prime time – une reconnaissance inédite pour un groupe hardcore. En 2023, un EP de trois titres proposant des versions aériennes de certains morceaux de « Glow On » amorce la transition vers leur nouvel album.

C’est ainsi qu’en 2025, Turnstile revient avec un quatrième album « Never Enough », un projet ambitieux enregistré entre Baltimore et Los Angeles sous la direction de Brendan Yates lui-même et du fidèle Will Yip, déjà familier du groupe pour avoir produit leurs deux précédents albums. Cet opus marque également l’arrivée de Meg Mills à la guitare et s’annonce comme un véritable événement, soutenu par une campagne massive de teasers sur les réseaux sociaux et même des panneaux publicitaires dans les rues de Los Angeles. Plus qu’un album, « Never Enough » s’accompagne de clips très travaillés qui seront présentés au Tribeca Film Festival en juin 2025, renforçant encore l’esthétique singulière du groupe.

Avec une production musicale extrêmement soignée, Turnstile ne se contente pas de repousser les limites du son : ils mettent aussi la main à la pâte pour la réalisation de leurs clips, notamment celui de « Look Out For Me », une œuvre cinématographique qui atteste une nouvelle fois de leur créativité sans bornes.

Si « Never Enough » est un album ambitieux dans sa conception, qu’en est-il sur le plan musical ? Avec 14 titres, oscillant entre 2 et 6 minutes, cet opus joue sur une ambivalence saisissante entre énergie brute et instants de calme suspendus. Turnstile nous emmène dans un voyage sonore où les contrastes s’entrechoquent.

Le groupe explore ici des textures plus éthérées et atmosphériques que sur ses précédents albums, tout en conservant son ADN hardcore. Pendant que la batterie s’impose sur le titre « Dreaming », « Light Design » laisse une place prépondérante aux synthés et aux solos de guitare, donnant une ampleur nouvelle à l’univers musical du groupe.

L’expérimentation sonore ne s’arrête pas là. L’album intègre des éléments électroniques, comme un « handshake sound » en fin de titre sur « Dull », comme pour évoquer la fin d’une connexion informatique. On assiste également à des compositions en deux parties, à l’image de « Sunshower », qui commence dans un pur esprit punk avant de s’évaporer dans une ambiance onirique, où les synthés et même une flûte viennent apaiser la tension initiale.

Le morceau le plus long, « Look Out For Me », dépasse les 6 minutes, et joue lui aussi sur une dynamique en deux temps : une première partie puissante et intense, suivie d’une phase aérienne, presque contemplative. La reverb, omniprésente dans l’album, atteint son paroxysme sur « Ceiling », qui sert d’introduction au titre « Seein Stars ». Sur ce dernier, la présence des harmonies vocales de Dev Hynes et Hayley Williams (Paramore) apporte une richesse supplémentaire à la production.

Mais ce n’est pas uniquement l’instrumentation qui marque cet album. La performance vocale de Brendan Yates mérite une mention spéciale. Il navigue avec une grande maîtrise entre un spleen mélodique palpable et des cris rauques, presque éraillés, insufflant une véritable intensité vocale et émotionnelle à chaque morceau.

L’ambivalence se retrouve également dans la représentation visuelle et les textes de l’album. Si « Never Enough » semble musicalement lumineux et positif, les paroles plongent dans des thèmes introspectifs : la quête de sens, la fragilité émotionnelle et le combat intérieur. Une contradiction frappante se dessine entre la pochette représentant un ciel bleu ornée d’arc-en-ciel et le fond des compositions, où la vulnérabilité s’exprime sans filtre.

Avec « Never Enough », Turnstile prouve une nouvelle fois qu’il refuse toute stagnation artistique et pousse toujours plus loin les frontières de son propre univers. Cet album marque un nouveau chapitre dans la carrière du groupe, où l’expérimentation continue de dessiner des horizons inédits. C’est une évolution naturelle, une suite logique à une discographie où chaque opus a été pensé comme une exploration sonore, une remise en question des codes établis. Casser les barrières pour Leitmotiv ! Turnstile est un groupe en perpétuel mouvement, porté par une créativité qui ne connaît aucune limite. Plus qu’un simple album, « Never Enough » est la preuve tangible que Turnstile ne cesse de réinventer son approche du hardcore, injectant une palette musicale toujours plus variée et audacieuse.

Et pour ceux qui voudront vivre l’expérience en live, rendez-vous le 21 juin 2025 au Hellfest, où Turnstile clôturera la War Zone le samedi soir.

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