Après un premier album très remarqué, Blue, sorti en 2020, le trio poitevin UNCUT revient avec Space Cowboys, un nouvel opus aux sonorités multiples. Alex Sertillange (chant/guitare baryton), Enzo Alfano (guitare) et Pablo Fathi (batterie) expérimentent un univers sonore inédit, mêlant la brutalité d’un western du Far West et le psychédélisme de la science-fiction. L’occasion pour le groupe de nous proposer, une fois de plus, des compositions très travaillées, méticuleuses et énergiques.
Les deux premiers extraits, « Party Time » et « Rival in the Stadium », plantent le décor. « Party Time » est festif. Il s’ouvre par des riffs de guitare explosifs et une batterie percutante. La voix est puissante et instaure une dynamique au morceau en variant entre tons graves et aigus. Le thème évoque une connexion profonde entre deux êtres et une volonté de vivre pleinement chaque instant avec la personne aimée. À contrario, « Rival in the Stadium » évoque la confrontation, la détermination à défendre sa place et à ne pas se soumettre aux jugements des autres. L’intro est lente, captivante et hypnotique, la tension monte d’un cran pour se libérer dans un refrain puissant. Les lignes de guitare et la batterie créent une ambiance de confrontation et de défi, reprise par la voix qui manifeste par sa profondeur toute cette tension dramatique.
Cette voix si caractéristique, qui n’est pas sans me rappeler par moments celle de Steven Tyler, n’est pas la seule particularité du trio. Puisque le groupe compose sans basse, c’est la guitare baryton qui endosse ce rôle avec l’aide d’une pédale d’octaver, conférant ainsi aux compositions ce style unique et si particulier.
Et le psychédélisme dans tout ça ? La petite touche « cosmique » qui vient adoucir la brutalité des riffs, et qui plonge l’auditeur dans cet univers de western futuriste se caractérise par l’emploi de synthés et de multiples effets sonores. Hurlement de loups dans « Wolfmann », slides de guitare dans « Ganimède », qui confère au morceau son aspect Blues, présence du saxophone de Matthieu Metzger sur le titre « Loveful ». Les thèmes abordés sont poétiques, introspectifs et universels. Ils mettent en lumière des aspects de la condition humaine, de la lutte personnelle dans « Checkmate » au récit imaginaire inspirés de la science-fiction dans « Asteroid City ». La structure des chansons, plus longue que la moyenne, favorise l’élaboration de parties instrumentales plus complexes, comme les nombreux solos de guitare qui mettent en avant toute la maestria des deux guitaristes. On ne va pas se mentir, c’est littéralement de « la dentelle pour les oreilles ! ».
Si Uncut conserve toujours son essence classic rock, Space Cowboys marque un tournant audacieux dans la discographie du groupe. En incorporant des éléments de rock progressif, de blues et de rock psychédélique dans ses compositions, le groupe confirme sa personnalité et son identité musicale. Ce western cosmique s’inscrit dans la liste des belles découvertes de cette fin d’année.
Crédit Artwork : Tim Molloy