HARAKIRI FOR THE SKY – Scorched Earth

Date de sortie : 24 janvier 2025

Label : AOP Records

Genre : Post Black Metal

Harakiri for the Sky

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Quatre années se sont écoulées depuis la sortie de « Maere » le dernier opus studio du duo autrichien Harakiri for the sky. Ils reviennent aujourd’hui avec un sixième album studio intitulé « Scorched Earth » composé de 7 titres (9 pour l’édition spéciale). Un album fidèle à leur identité musicale, qui flirte entre brutalité et poésie aux thèmes aussi bien subjectifs que contemporains. Proche du nihilisme, l’album reflète un monde brisé où la musique devient un phare de résilience et d’expression cathartique.

La musique et l’écriture ont toujours été des formes puissantes de catharsis pour le groupe. Ce nouvel opus ne fait pas exception à la règle. Conçu comme un exutoire, l’album reflète les tourments intérieurs du duo comme un voyage sonore thérapeutique. Les sujets abordés sont profondément personnels, évoquant la douleur de la perte, la nostalgie, le mal de vivre dans une société trop intense, trop rude, la solitude et même la toxicomanie, à l’image du titre « Heal Me ». Les textes abordent également la dévastation environnementale, les récentes guerres et la crise des réfugiés qui en découle. A travers ses textes, le duo ne se contente pas de soigner ses propres blessures mais s’interroge sur sa place dans la société et tente une réflexion sur l’état du monde actuel. Le titre de l’album « Scorched Earth » semble s’être donc imposé de lui-même. Comme une terre écorchée, brûlée où plus rien ne paraît possible. Destruction des anciens systèmes, des croyances, des émotions, afin peut-être de laisser place à une sorte d’Epiphanie avant un renouveau.

Musicalement l’album est extrêmement riche. C’est une fois de plus l’occasion pour Matthias Sollak le multi-instrumentiste du groupe (guitare, basse, batterie) d’exprimer tout son talent. Les morceaux sont longs (entre 7 à 10 min) et permettent à l’auditeur d’apprécier le rôle de chaque instrument. Qu’il s’agisse de la guitare s’exprimant par des riffs mélodiques, complexes et éthérés ou la batterie, intense et énergique qui alterne parfois avec des rythmes plus lents renforçant la mélancolie des compositions. À l’image de « Keep me longing » et « Without you I’m just a sad song » les titres sont riches en variations passant de moment d’accalmie à des crescendos beaucoup plus puissants voire épiques. Le rôle du piano apporte une touche de tempérance aux compositions. Bien au-delà d’un simple accompagnement, il ajoute une profondeur émotionnelle et des contrastes dans la dynamique des morceaux.

Quant au chant de Michael « JJ » V. Wahntraum, exclusivement crié, à fleur de peau, sensible et profondément intense, il nous immerge complètement dans l’émotion comme un appel à se perdre dans les méandres de la mélancolie. C’est un chant torturé qui a un impact considérable sur l’écoute et la compréhension de l’album.

Pour la couverture de l’album, réalisée par Bruno Gonzalez, le duo a choisi de réunir tous les animaux des cinq dernières pochettes en une seule, pour symboliser ce nouvel opus comme une rétrospective de leur parcours musical.

À noter que de nombreux artistes ont apporté leur collaboration à ce sixième album, tels que Tim Yatras (Austère) sur le titre « Heal Me », Serena Cherry (Svalbarduk) sur « Too late for Goodbye », P.G (Groza) sur la magnifique reprise de Radiohead « Street Spirit » et encore Daniel Lang (Backwards Charm) sur « Elysian Fields ».

Harakiri for the sky nous livre ici un album sensible, intense qui témoigne de la maturité artistique du groupe. La voix et les instruments servent à faire passer l’auditeur par une multitude d’émotions. Oscillant entre ombre et lumière, le duo nous entraîne dans sa propre noirceur et ses propres questionnements. C’est un voyage cathartique auquel il est toujours bon de se rappeler que même dans les moments les plus sombres il y a toujours une lueur d’espoir.

Cover Art : Bruno Gonzalez

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