
Date de sortie : 2 mai 2025
Label : Season Of Mist
Genre : Blackened Death Metal
Si tu aimes l’univers de : Septicflesh, Rotting Christ, Behemoth
Depuis plus de trente ans, le groupe athénien Nightfall s’est imposé comme l’un des piliers fondateurs du métal grec aux côtés de Rotting Christ et Septicflesh. Que de chemin parcouru depuis sa formation et la sortie de sa première démo « Vanity » en 1991. Nightfall est le premier groupe grec à avoir signé un contrat international. Sa collaboration avec le label français Holy Records dans les années 90 a joué un rôle essentiel en établissant un lien durable entre les scènes métal grecque et française, ouvrant ainsi la voie à une reconnaissance internationale.
Le groupe poursuit son ascension et sort, entre 1994 et 2005, pas loin de sept albums dont des opus marquants tels que « Macabre Sunsets », « Athenian Echoes » ou encore « Diva Futura » avant de marquer une parenthèse dans sa carrière en 2006. Une pause significative, puisque le groupe reprend le chemin des studios en 2010 avec un tout nouveau line-up, seul son membre fondateur, Efthimis Karadimas, étant encore de la partie.
En 2025, le groupe revient avec « Children of Eve », un onzième opus faisant suite à « At night We prey », sorti en 2021. Sous la houlette d’Efthimis Karadimas et de Fotis Benardo, ancien batteur de Septicflesh, l’album déploie un son massif, intense et immersif. Le mixage et le mastering sont réalisés par Jacob Hansen, déjà connu pour avoir travaillé avec des groupes tels que Volbeat et Amaranthe.
Le morceau d’ouverture « I Hate », premier single promotionnel de l’album, donne le ton : riffs tranchants, batterie martelante et growl. Ce morceau, véritable hymne de rébellion, illustre parfaitement la fusion entre le blackened death metal et les mélodies gothiques, caractéristiques du son de Nightfall. A noter la présence d’une voix féminine qui, dans l’intro, énumère tous les titres de l’album les uns après les autres dans un état de colère palpable. Les chœurs en arrière-plan ajoutent une dimension épique voire envoûtante. À mon sens, il n’y avait pas meilleur choix que ce titre, pour ouvrir et instaurer toute la dynamique de cet opus.
« The Cannibal » poursuit cette exploration musicale avec des solos de guitare, exécutés avec virtuosité par Kostas Kyriakopoulos, et qui apportent une touche mélodique contrastant avec la brutalité des rythmes. C’est un parfait exemple de l’équilibre que Nightfall parvient à maintenir entre puissance et mélodie. L’autre point fort de l’album est le titre « Seeking Revenge » et son côté quelque peu « Heavy vintage ». Les riffs répétitifs et les harmonies sombres créent une atmosphère hypnotique, tandis que la batterie de Fotis Benardo déploie une énergie implacable. Ce morceau illustre la capacité du groupe à créer des mélodies mémorables tout en conservant une intensité brute et percutante. « The Traders of Anathema » est une pièce maîtresse de l’album, où les influences gothiques de Nightfall se manifestent pleinement. Les solos de guitare, les arrangements et les paroles rendent ce morceau particulièrement puissant. L’album se clôture sur le titre « Christian Svengali », avec une intensité qui ne faiblit pas. Ce morceau est à la fois sombre et lumineux, résumant parfaitement l’essence même de « Children of Eve ». L’harmonie vocale des chœurs, les riffs mélodiques et le piano créent une sensation de catharsis, comme si la lumière reprenait enfin pleinement le dessus.
Cet album explore des thèmes variés tels que l’oppression et le fanatisme religieux, la manipulation mentale, la dualité entre lumière et ténèbres, la violence et la rébellion ainsi que la fatalité de l’existence. Ces thématiques sont chères au frontman Efthimis Karadimas, qui a lui-même connu une grande période de dépression, dont il se sert aujourd’hui comme source d’inspiration artistique. Sur scène, il arbore désormais un masque noir, symbole de sa lutte contre la dépression.
« Children of Eve » n’est donc pas qu’un simple album, mais également un véritable manifeste pour briser les stigmates liés aux maladies mentales. Le groupe est d’ailleurs à l’initiative de l’association Metal Music Against Depression, soutenue par l’Alliance Européenne contre la Dépression, qui vise à sensibiliser le public à la dépression dans la communauté métal, tout en encourageant les discussions sur la santé mentale et en incitant les personnes concernées à chercher de l’aide.
Le groupe a également fait appel à l’artiste berlinois Eliran Kantor pour réaliser l’artwork de la pochette de l’album. Reconnu dans le monde du métal, il a notamment travaillé avec des groupes tels que Testament, Helloween ou encore Soulfly. Le visuel choisi illustre à merveille la dualité entre lumière et obscurité, offrant une représentation fidèle à l’univers sombre de l’album.
Nightfall nous offre avec cet opus une symphonie de noirceur et de puissance où chaque morceau a son propre univers. Le groupe défie les dogmes religieux et les injustices, et propose des titres audacieux et engagés, soutenus par une production épique et monumentale. Loin de se contenter d’une démonstration technique, Nightfall insuffle à cet album une intensité émotionnelle rare, portée par la voix torturée d’Efthimis Karadimas et la force de son instrumentation. « Children of Eve » n’est pas seulement un album, c’est un cri, une révolte, une plongée dans l’ombre qui ne laissera pas l’auditeur indifférent.
Cover Art: Eliran Kantor