Le 15 novembre 2024 sortait Through Storms Ahead, au titre prémonitoire. À lui seul, ce titre donne le contexte de la sortie du 8ème album, mais c’est surtout le 2nd opus depuis la fin des déboires judiciaires de Tim Lambesis, aujourd’hui seul membre encore actif. Mais comment Tim Lambesis se retrouve-t-il dans cette situation ?
En 2016, libéré de prison, le line-up post-incarcération lui fait toujours confiance et se reforme pour sortir Shape By Fire en 2019. Toutefois, il règne une atmosphère tendue, la cohésion se délite, provocant une désaffection de trois membres de la formation dite classique, que sont Nick Hipa (guitare) en 2020 , Jordan Mancino (Batterie) et Josh Gilbert (basse/chant clair) en 2022, dont l’un des principaux motifs était la préservation de leur santé mentale. Seul Phil Sgrosso (guitare) reste aux côtés de Tim Lambesis pour reformer un nouveau line-up – « En 2022, le line-up est mort, vive le line-up » – Ryan Neff (basse/chant clair), Nick Pierce (batterie) et Ken Susi (guitare) rejoignent le groupe pour la renaissance du « Phoenix ».
Cependant, cette cure de jouvence sera effective uniquement pour cette œuvre ! Celle-ci ne suffira pas à raviver la flamme d’une nouvelle histoire, puisque quelques semaines avant la sortie de Trough Storms Ahead, le manager de tournée Alex Kendric, Ryan Neff, Nick Pierce, Ken Susi et même Phil Sgrosso claquent la porte, évoquant des motifs identiques à ceux des trois anciens membres, dont celui de la préservation de leur santé mentale.
S’il est convenu que la finalité de l’aventure s’avère désastreuse pour le groupe, quand est-il de l’album ?
À la première écoute, on est bien dans le Metalcore d’As I Lay Dying. Il faut plusieurs écoutes et comparaisons avec les opus précédents, et tout particulièrement le précédent album, Shaped by Fire, pour découvrir et prendre toute la dimension du travail qui a été réalisé. Un duo basse/batterie donnant plus de corps, « de percussion », à chacun des morceaux, une plus grande présence de guitare par les riffs de Phil Sgrosso, affirmant un peu plus son statut et montrant l’étendue de son talent et enfin, la plus grande évolution résidant dans une volonté d’équilibre entre chant guttural/chant clair. Tous ceux-ci se matérialisent de l’introduction à la fin du troisième morceau, où la formation nous emmène crescendo vers l’apothéose, à la frontière du Deathcore.
L’introduction nous prépare comme le « héros aventurier » vers une quête qui, dès le premier morceau, donne de « la » ! La caisse claire animée par Jordan, le riff de Phil puis le chant guttural de Tim plantent le décor : ils sont pas là pour « enfiler des perles », ça va envoyer ! Tout y est , « A Broken Reflexion » est l’amorce du fil conducteur de cet album, ainsi que la place donnée au chant clair de Neff. Ce premier titre semble être la bonne introduction à « Burden » qui, lui-même, montant encore d’un cran, ouvre les portes vers le sacre : « We Are the Dead ». « We Are the Dead » !! Le plus « méchant », à la frontière du Deathcore. Il semble évident que l’envergure de ce morceau est indissociable de la présence d’Alex Terrible, chanteur de Slaughter to Prevail, et de Tom Barber, chanteur de Chelsea Grin et Darko.
Si ce premier tiers a su nous mettre l’eau à la bouche, la suite se veut plus conventionnelle. On retrouve du As I Lay Dying tout simplement. C’est bon, c’est très agréable à l’oreille, mais ça nous laisse sur notre faim. Au fil des écoutes des deux derniers tiers de l’album, on retrouve un cocktail de différentes inspirations de l’univers du métal dont l’élément principal reste, bien sûr, les fondamentaux du Metalcore d’As I Lay Dying.
Sans faire une liste à la « Prévert », on y retrouvera des influences Heavy Metal/Prog Metal, peut-être un peu trop présentes, du Thrash, bien sûr, en trop peu de quantité compte tenu de la proposition musicale faite dans le premier tiers de l’album, et réparti de-ci, de-là, du Metal Indus., du Nu-metal, un peu de Metal Symphonique et autres empreintes « métalliques ».
Cependant, une mention spéciale pour « Strengh to Survive » pour les recherches mélodiques et la présence des moments de vrai duo entre Tim et Ryan et « Taken from Nothing » pour les passages propices à du headbanging. À se demander si cet album n’est pas le fruit de différents essais destinés à la construction d’un prochain opus qui, malheureusement, au vu des circonstances, verra ou ne verra pas le jour, quel que soit le line-up.
Dans l’ensemble, cet album est de très bonne facture. Il se veut accessible aux « béotiens » d’As I Lay Dying et ouvre la porte à un public plus large, tout en gardant ses fondamentaux pour les fans actuels.
Alors cet album, un tremplin pour aider Tim Lambesis à une troisième renaissance du Phœnix ou l’annonce du chant du Cygne ???