AKIAVEL – InVictus

Date de sortie : 4 avril 2025

Genre : Death Metal

Label : Verycords

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Ce 4 avril 2025 (le 11 pour le vinyl) sort une petite pépite du death metal mélodique français : InVictus, le 4ème album d’Akiavel. La découverte de ce groupe en janvier un peu par hasard (j’écoutais Arch Enemy sur YouTube) fut un coup de foudre musical. Cela faisait longtemps qu’un groupe ne m’avait pas donné autant de plaisir… Un conseil, prenez le temps de les regarder sur leur chaîne YouTube, la prestation au Motocultor 2023 est enivrante. Pour ceux qui ne connaissent pas, Akiavel, c’est Chris (guitariste), Jay (bassiste), Auré (chant) et Butch (batteur), dont les influences vont Death au Black, du Thrash au Hardcore (moins présent sur cet album). Nous ne sommes pas dans des univers musicaux des plus softs où le chant clair a sa place. S’ils ont pris le temps pour construire InVictus, la signature avec le label Verycords leur a ouvert un nouveau champ des possibles, un nouveau regard extérieur, comme celui de Stéphane Buriez (LoudBlast) pour enregistrer fin septembre 2024 au Vamacara Studio sous l’égide de HK Krauss. En attendant de pouvoir les rencontrer sur scène (je les attends avec impatience au Sidfest!), explorons InVictus. Pour ma part, cette exploration s’est faite en trois phases.

Immersion dans l’écoute musicale pure

Musicalement, les compositions sont plus intenses, plus dynamiques, les riffs sont percutants, la rythmique du duo batterie/basse est fabuleuse (à des moments, il n’y a qu’eux deux ; c’est beau !). Tout est plus travaillé, plus fin, plus redoutable. Le death metal, qu’il soit mélodique ou plus contemporain, est l’ADN principal, mais l’influence Thrash apporte un plaisir qu’on ne saurait dissimuler. Chaque morceau offre son moment propice aux fans du headbanging, juste ce qu’il faut pour se démonter les cervicales. Même si l’on se cantonne à une écoute purement musicale, on peut le passer en boucle, on ne s’en lasse pas.

Adjonction des textes à la musique et au chant

Tous les textes sont inspirés d’histoires vraies. Neuf des onze textes concernent des affaires judiciaires, un amour toxique. Un autre concerne un ami décédé. Ces textes sont empreints de leur violence, de la souffrance des victimes, de la manipulation… Ils montrent que, malgré l’adversité, la douleur, la culpabilité, l’être humain peut montrer une grande résilience face aux épreuves et continuer de vivre, voire de survivre. À chaque fois une dualité : l’ombre et la lumière, le chagrin et l’espoir, la fragilité et la résistance. Les textes, la musique et le chant sont parfaitement coordonnés. Chaque tempo, chaque mise en avant d’instrument, chaque modulation du chant viennent donner vie aux textes, à la transmission des émotions.

La consécration

C’est le moment de corrélation entre la musique, le chant, l’histoire contée dans chaque texte et les fleurs. Ces fleurs ont été choisies comme fil conducteur car, dixit Auré : « La fleur est à la fois forte et fragile, capable d’éclore à partir du chaos ». Chacune d’entre elles symbolise des lieux, des événements ou des émotions. Et là, l’album s’ouvre, se dévoile. Nous pouvons nous imprégner de l’intensité émotionnelle que le groupe veut nous transmettre. Voici ces histoires.

« Oozing Concrete » – la passiflore. Elle représente le temps, l’angoisse de la découverte d’un crime passionnel (Auré). Le texte relate ce qui a conduit une femme à tuer son mari d’un coup de fusil et à couler son corps dans le béton : c’est l’affaire Edith Scaravetti/Laurent Baca. L’intro, le tic-tac, indice de l’écoulement de temps, est repris dans les paroles. Le temps, mesure la durée des violences conjugales, en première partie du texte, puis le temps qu’il a fallu pour couler ce béton sur ce mari défunt, et enfin le temps qui s’est écoulé entre l’acte irrémédiable et l’angoisse de ces mois de négation, jusqu’à la découverte par la gendarmerie.

« Membrane » – la rose. La symbolisation des marches blanches pour les jeunes victimes (Auré). Le texte décrit l’homme dans sa folie, sa perversité et la complicité de sa femme dans la préparation des victimes pour « l’ogre des Ardennes ». Ici, ce sont les actes qu’un homme a faits sur une majorité de jeunes victimes, avec la complicité de sa compagne, la rabatteuse. C’est l’affaire Michelle Fourniret et Monique Olivier.

« Daddy Defiled Me » – La pensée : la représentation de l’inquiétude de la jeune fille disparue qui était finalement enfermée sous leurs pieds durant des années (Auré). 1984 : un père enferme sa fille de 18 ans dans le sous-sol de la maison de famille, la viole, la torture. Elle devient son esclave. 7 enfants naîtront. Le calvaire durera 24 ans. C’est l’affaire Fritzl.

« Captured Alive » – Le dahlia blanc : représentation de la beauté de Blanche qui a été retrouvée dans un état abominable (Auré). C’est l’histoire poignante d’une femme capturée par les chaînes invisibles d’un amour interdit et d’une famille qui ne lui accorde ni amour ni liberté. Finalement, la liberté retrouvée semble n’être qu’un prix lourd à payer pour son âme brisée. Blanche, c’est Blanche Monnier, séquestrée par sa famille dans sa chambre. Elle fut retrouvée attachée à son lit, sous-alimentée. Elle finira sa vie en hôpital psychiatrique.

« SK1 » – le lys : la fleur qui symbolise Paris où le tueur a sévi (Auré). SK1 est le nom de code donné par la police criminelle, qui sera repris pour le film « L’affaire SK1 », pour le tueur de l’Est parisien. C’est l’affaire Guy Georges. Le texte commence par les sensations recherchées par le tueur, ses lieux de chasse, puis viennent les pensées, les ressentis de l’unique rescapé, Élisabeth Ortega. Confronté à elle, il avouera ses premiers meurtres.

« Promise To My Daughter » – le bleuet : la fleur qui symbolise l’Allemagne où la petite fille a trouvé la mort (Auré). Kalinda Bamberski, 14 ans, meurt dans la maison de son beau-père en Allemagne. La mort est suspecte et son père met la pression sur la police allemande, qui classe l’affaire.Le père enlèvera le beau-père pour le ramener en France afin qu’il soit jugé. Promesse faite à sa fille. C’est l’affaire Dieter Krombach.

« Teenage Game » – le géranium Kelly : le prénom de la jeune fille qui a été torturée (Auré). Kelly, 14 ans, est, pendant 5 heures, étranglée, le visage projeté sur le mur, lacérée à la gorge, aux poignets. Les médecins comptabiliseront 21 coups de couteau… C’est l’affaire Kelly Maitrepierre.

« Lights for Life » – le muguet : la représentation à la fois de la chance pour la personne qui va recevoir un don d’organes et de la période du décès de notre ami (Auré). Il exprime une profonde réflexion sur la souffrance, la résilience et le sacrifice personnel. Dans l’ombre, c’est en offrant comme un acte d’amour et de dévouement que l’on crée la lumière, célébrant la vie. Ce morceau est très important pour Akiavel. C’est un hommage à un ami proche décédé l’année dernière, parti en faisant don de ses organes. Le texte est comme une deuxième chance pour illuminer une vie, dixit Auré. Ce morceau est touchant. Le texte est sublimé par une musique et un chant reflétant leurs émotions.

« Heart of Chrysanthèmus » – le chrysanthème : le deuil d’un amour toxique (Auré). Ici, aucune référence. À chacun de s’approprier ce texte sur l’amour toxique. Les paroles véhiculent parfaitement les émotions de la personne qui vit cette situation.

« Guillotine » – l’orchidée sauvage : fleurs que les enfants ont cueillies et qui poussent en région marseillaise avant l’enlèvement de la petite. (Auré). 3 juin 1974, Marseille. Marie-Dolorès Rambla, 8 ans, est enlevée sous les yeux de son petit frère de 6 ans, et sera retrouvée morte. Christian Ranucci, reconnu coupable, sera guillotiné le 28 juillet 1976. Hanté par le fantôme de sa sœur, Jean-Baptiste Rambla deviendra à son tour un assassin. C’est l’affaire Rambla/Ranucci ou l’affaire du pull-over rouge.

« Violet » la violette : la représentation des hématomes que faisait le mari sur son épouse (Auré). Le mari, c’est Norbert Marot. La femme, c’est Jacqueline Sauvage. François Hollande lui accordera une grâce présidentielle. C’est l’affaire Sauvage. Nota bene : dixit Auré, « j’ai échangé le fusil par un couteau de cuisine».

Avec toutes ces informations, observez le recto de la pochette. Beaucoup d’éléments en lien avec les histoires y sont représentés. Au verso, un bouquet composé de chacune des fleurs. J’émets le souhait que toutes ces informations vous donneront envie de découvrir et d’apprécier ce magnifique album sous un regard différent.

L’artwork a été réalisé par l’artiste Dhomth.

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