Avec un premier EP, Act I, suivi d’un premier album Sequel(s) sorti en 2021, les Orléanais d’ORPHEUM BLACK ont su s’imposer dans le paysage rock français. Après une tournée dans tout l’Hexagone, le quintet est retourné en studio pour nous offrir un second album, Outer Space. Mélodie (chant, claviers) et Romain (guitare) évoquent cette nouvelle ère mêlant composition, création visuelle et performance scénique.
Bonjour ! Merci de prendre le temps de répondre à mes questions. Pour commencer, comment allez-vous, maintenant que votre nouvel album est sorti ? Quels retours avez-vous reçu de la part du public et des médias ?
Romain : On se sent très enthousiaste et motivé à défendre ce nouveau né. On est aussi soulagé car c’est toujours une forme de pression que de sortir un album. Que ce soit en termes de résultat et de délai, il y a beaucoup d’attentes.
On commence à développer une vraie force entre nous et je pense que ça se ressent . On a changé pas mal de choses sur notre manière d’écrire et de produire notre musique. Tous ces retours nous font penser que l’on va dans la bonne direction. Cela fait vraiment plaisir car comme je te disais c’est toujours un peu un saut dans l’inconnu lorsque tu proposes un nouvel album .
Mélodie : Nous sommes vraiment heureux car on a eu beaucoup de retours très positifs !
Je crois que notre propos musical est plus juste et plus compréhensible par le public. Les gens adhèrent davantage à notre univers et constatent notre évolution.
Vous avez donné une release party pour la sortie de l’album, invitant pour l’occasion des choristes et une violoncelliste. Comment ça s’est passé ? Est-ce que cela vous a donné envie de refaire des concerts un peu différents comme celui-ci ?
Romain : Le concert s’est super bien passé. On a eu du public et un vrai beau moment d’échange. C’est un vrai plaisir que de proposer un spectacle comme celui-là !
Evidemment cela donne envie de redonner ce type de concert et de proposer des choses nouvelles. Maintenant cela reste quelque chose qui a un coût assez important et ça reste assez difficile à supporter pour un groupe comme le nôtre .
Outer Space est votre deuxième album après Sequel(s), sorti en pleine pandémie. Je suppose que la manière de travailler a été différente ?
Romain : En effet on avait composé le premier disque en plein confinement. On aurait pu se dire qu’on allait faire le 2nd d’une manière un peu plus “classique” mais en fait non haha. On a composé et enregistré cet album durant notre tournée de 35 dates de l’année dernière .
On partait chaque week-end et il fallait tester et écrire des choses. Parfois entre deux concerts, dans les loges ou encore dans le van. C’est un album vraiment authentique et spontanée puisqu’on a encore une fois pas tellement eu le temps de prendre du recul .
Mélodie : Le processus était différent oui, et ça a teinté les thématiques abordées dans nos textes. C’est plus lumineux, l’ensemble de l’album tourne autour du concept d’identité, de connexion, de son rapport à l’autre.
De plus, vous avez accueilli deux nouveaux membres l’année dernière. Comment s’est passé ce changement de line-up ?
Romain : Nathan nous a rejoint 1 mois avant le lancement de la tournée. Il a dû relever un sacré challenge en apprenant tout notre répertoire sur une toute petite période . C’est lui qui joue la basse sur l’album et il a apporté un vrai plus au groupe. Il nous a ramené ce côté un peu punchy et massif qui pouvait parfois nous manquer . En plus c’est un musicien qui en impose vraiment sur scène .
Alexis nous a rejoints quant à lui à la fin de notre tournée . Il ne joue pas sur l’album mais il le défend comme s’ il avait fait partie de sa conception . Il a apporté énormément de choses sur les compos. Beaucoup de variétés, de précisions et de puissance. On a vraiment un duo basse/batterie d’enfer . J’ai hâte de pouvoir écrire et produire de la musique avec ces deux-là .
Est-ce que le nouvel album a été conçu comme une suite au premier ? A quel niveau y’a-t-il une évolution ?
Romain : C’est la suite et la fin de l’arc narratif initialement ouvert avec notre premier EP Act 1. Il va être temps de passer à autre chose et explorer de nouvelles idées de narration .
Il y a pour moi deux évolutions notables. Tout d’abord la musique . On a pas mal revu notre façon d’écrire pour avoir plus de liant entre les morceaux . Chacun sait mieux ce qu’il doit faire. On cherche tous à se stimuler et à pousser nos limites. Les rôles sont mieux définis et on sait quand faire de la place pour qui et quand. On a pas mal recentré les compos autour du duo vocal qui reste une grande force de notre proposition musicale .
Ensuite on a complètement changé notre méthode d’enregistrement . On est reparti en studio. Tout analogique, à l’ancienne pour capturer une vraie identité sonore. Nous n’avons pas envie d’avoir le même son que d’autres groupes. On a la volonté de se démarquer et de proposer quelque chose qui nous appartient. Je pense que c’est plutôt réussi même si forcément perfectible.
Niveau mastering, nous sommes passés par un studio en suède qui a produit pas mal d’artistes que nous aimons. Ce fut un vrai plaisir de bosser avec Tony du Fascination Street Studio .
Contrairement à Sequel(s), Outer Space est autoproduit ? Est-ce par envie d’indépendance ?
Romain : Pour être franc nous n’étions pas hyper satisfait de notre précédent deal. Cependant nous ne sommes pas totalement indépendants puisque l’on bosse avec Blood Blast qui est une filiale de Nuclear Blast.
Dans tous les cas, être indépendant apporte une vraie liberté. Que ce soit en termes de création ou encore de communication. C’est appréciable mais en même temps pas toujours simple pour prendre les bonnes décisions.
Le visuel a une place importante dans la musique de nos jours, avec les réseaux sociaux. Outre l’aspect marketing, est-ce que c’est pour vous une manière de compléter votre univers ? Vous vous définissez comme un groupe de “cinematic rock” je crois.
Mélodie : Complètement. Je fais de la direction artistique au quotidien et il était important pour moi au début du projet que l’esthétique visuelle soit développée en parallèle de la musique car c’est quelque chose qui a toujours manqué dans nos anciens projets. On a donc pris le parti de vraiment développer un univers complet autour de la musique. Cela a commencé avec des artworks et on continue aujourd’hui avec des photographes et réalisateurs pour la photo et les vidéos. Cela sert évidemment le marketing, mais c’est avant tout une envie pour nous d’amener les gens dans notre propos.
Romain : Pour moi c’est plus qu’un simple complément. L’image, nos vidéos font vraiment partie du propos artistique. C’est un lien fort et fondamental entre ce que tu peux entendre et voir de notre musique .
Alors j’ai du mal à catégoriser ce que l’on peut proposer. Pour moi, on reste un groupe de rock. Mais cinematic rock ça sonne pas mal haha
Pouvez-vous nous parler du court-métrage que vous avez filmé ? Il me semble que la première partie accompagne le single “Deep Blue” et que la deuxième arrive prochainement…
Mélodie : C’était un projet conséquent dont nous avions envie : faire un métrage en deux parties avec des séquences intermédiaires… On voulait aussi clôre le chapitre narratif des précédents clips. Ce sont « Deep Blue » et « Inner World »qui ont donc été choisis ! Nous avons tourné dans 7 lieux différents, sur presque 2 semaines, c’était tout un challenge !
L’histoire vient retrouver les précédents personnages qui représentent chacun un traumatisme d’un personnage qu’on ne connaît pas encore. Je ne peux pas en dire trop car cela vient donner les clés de toute l’histoire, il faut garder du suspense pour la partie finale…
Avant celui-ci, vous avez sorti “My Tribe”, décrit comme un hommage à votre public présent sur vos dates.
Romain : Exact. L’an passé on a vraiment sillonné la France. C’était un vrai défi pour un groupe comme nous . Il a fallu gérer vie perso, vie perso et musique . Ce fut une véritable expérience humaine et musicale . Durant toute cette tournée, on a testé des nouveaux morceaux mais on a très vite gardé « My Tribe » dans le set. C’était vraiment un moment fort des concerts. Les gens étaient très réceptifs et on sentait une vraie communion entre eux et nous. On a voulu rendre hommage à cette “famille” qui nous a accompagnés sur ces 35 dates . Ce morceau est pour toutes ces personnes qui nous ont redonné de l’énergie lorsque c’était un peu plus difficile .
Comment a été conçu l’artwork de Outer Space, quelle était l’idée à transmettre ?
Mélodie : J’aime bien que chacun puisse y voir ce dont il a envie, mais l’idée de départ était de retrouver un personnage principal dont on ne connaît pas le visage, qui prend l’apparence de quelqu’un en pleine aventure. Sous les mers, dans l’espace… des dimensions qui restent encore à découvrir ! C’est aussi une métaphore de la quête d’identité. Le reflet dans le casque cache aussi ses secrets pour ceux qui auront l’oeil !
Vous êtes deux chanteurs : comment s’articule le travail des mélodies et des paroles ?
Mélodie : C’est variable, nous avons plusieurs manières de faire, selon l’inspiration de chacun. Il va souvent y avoir un de nous deux qui enclenche la machine, et ça commence souvent avec la mélodie générale et quelques phrases qui sonnent. Ensuite on travaille à deux pour composer la mélodie et écrire à quatre mains. C’est la meilleure façon (et pas la plus facile) que nous ayons trouvé pour servir le duo vocal. Nous sommes un seul et même instrument avec différentes harmonies, et nous parlons la plupart du temps pour une seule voix.
D’ailleurs, quels sont les thèmes ou les messages que l’on retrouve dans l’album ?
Mélodie : On voulait donner suite au premier album, qui était lui assez introspectif mais qui résonnait beaucoup avec la période de confinement mondial. Dans ce nouvel album, on faire encore écho aux nouvelles problématiques qu’on rencontre après un bouleversement tel que 2020 : Est ce que je fais vraiment ce qui me plaît dans la vie ? Est ce que je suis vraiment la personne que j’ai envie d’être. Tellement de gens ont changé de vie après des prises de conscience énormes. On parle aussi de lien entre les gens, de l’importance qu’ils ont. L’identité, sa place au sein de la communauté, le chemin qu’on a envie d’emprunter.
Quelle est l’idée du morceau d’ouverture “Innerworld”, qui tranche un peu avec le reste de l’album ?
Romain : Innerworld est l’un des derniers titres à avoir été composé pour cet album. L’idée c’était d’avoir opener catchy taillé pour la scène . On ne voulait pas faire un simple “banger”, on a donc joué sur les ambiances et les sons de machines électroniques .
C’est sûrement le morceau où l’on ressent le plus l’influence de Nathan. Il venait tout juste de nous rejoindre. Il y a donc ce côté un petit peu plus brutal et tribal .
Je pense que c’est quelque chose qui pourra être amené à être davantage présent dans notre musique .
Pouvez-vous me parler du morceau “State of Mind” ? C’est un de mes préférés !
Romain : Ça me fait plaisir que tu dises ça car c’est aussi l’un de mes préférés . Il y a cette ambiance un peu 70’s qui me fait vibrer. Pour le moment, on ne le joue pas en live, et on ne l’a même jamais joué en répète avec le nouveau line up. Peut-être que ça viendra ? Il y a des chances car ce n’est pas la première fois qu’on nous fait ce retour.
En tout cas c’est un morceau qui a les ingrédients assez typique de la musique d’ Orpheum Black: une base plutôt simple mais avec pas mal d’arrangements. Beaucoup de contraste et de dynamique . Une structure pas très claire à la première écoute. Il n’ y a pas vraiment de couplets ni de refrain. C’est un fil qui se déroule jusqu’à cette ambiance lourde et sombre avant de retomber sur quelque chose de beaucoup plus aérien.
Greg y donne, je pense, sa meilleure perf’ vocale .
Quels artistes ont le plus marqué vos parcours de musiciens, et en quoi êtes-vous lié à la scène metal, car on ressent des influences assez diverses.
Romain : AC/DC pour la simplicité, la puissance et le groove. C’est Angus Young qui m’ a donné envie de jouer de la guitare.
Steven Wilson pour la richesse musicale, la diversité, l’approche de la musique et cette culture du son .
Michael Jackson pour tout ce qui a de meilleur dans la pop music. La bonne mélodie, le bon arrangement, une écriture efficace accessible sans être pour autant dénué d’intérêt musical.
Il y’ en aurait plein d’autres mais ces trois là représentent vraiment ce que j’aime et comment je vois la musique .
Tu as raison de dire qu’il y’ a vraiment pas d’influences car on écoute pas forcément les mêmes choses. C’est une vraie force car ça nous permet d’explorer des choses auxquelles on n’aurait tout simplement pas pensé !
On pourra vous voir cet été en concert aussi bien sur des petites scènes que dans de grands festivals comme le Motocultor ! J’imagine que ce sont deux expériences différentes, en ce qui concerne la performance scénique et le public !
Romain : Ce n’est en effet pas le même contexte . Pour autant, je pense que c’est complémentaire et j’ai dû mal à dissocier les différents types de concert. Pour moi ça reste un moment d’échange et de partage avec les gens .
Je pars du principe qu’il faut toujours donner le meilleur et essayer de faire voyager le public avec nous. C’est une simple question de respect envers les gens qui se sont déplacés pour venir nous voir .
Évidemment il y a des concerts plus magiques que d’autres mais dans l’ensemble il n’ y a rien de plus excitant que de monter sur une scène pour vivre sa passion !
En ce qui me concerne, je vis à Tours alors je vous verrais sans doute à la Guinguette le 1er septembre 🙂 Je vous laisse le mot de la fin si vous souhaitez ajouter quelque chose !
Romain : Être curieux et ouvert. Sortir de sa zone de confort et de la musique prête à être consommée. Prenez le temps d’écouter un album. C’est souvent après plusieurs écoutes que l’on découvre toute la richesse d’une œuvre. Il faut aller dans les petites salles, découvrir de nouveaux artistes car c’est aussi eux qui seront la proposition musicale de demain . Il y a des tas de groupes vraiment géniaux qui ne sont pas connus et qui le mériteraient !