
Date de sortie : 28 mars 2025
Genre : Nu Metal
Label : Earache Records
Après deux EPs, Kings Today et Fools Tomorrow, sortis en autoproduction 2022 et 2023, voici enfin le premier album de Sicksense. Si certains groupes abordent l’épreuve du premier long format en maintenant une continuité avec leurs premiers morceaux, pour Sicksense, il s’agit presque d’un nouveau départ. Avec un changement de line-up, une signature sur un gros label et une production plus sophistiquée, Cross Me Twice affirme le style du groupe basé en Arizona.
L’identité de Sicksense repose en grande partie sur son duo vocal impressionnant, formé de Killer V, alias Vicky Psarakis (ex-The Agonist) et de Rob The Ripper, alias Robby J. Fonts (Stuck Mojo). En couple à la ville comme à la scène, ils naviguent avec aisance entre chant pop, rap et scream metal. Cette polyvalence vocale se reflète parfaitement dans l’album, où les curseurs ont été poussés un plus loin, tant sur le plan mélodique que sur celui du metal.
L’album débute avec « Sellout », un morceau qui met immédiatement en lumière les contrastes vocaux du groupe. Les arrangements électroniques de l’introduction laissent place à une instrumentation groovy, sur laquelle se pose un chant sous forme de duel composé du scream de Robby et de la voix claire de Vicky. Des screams brutaux précédent des backing vocals aériens, traduisant la force et la fragilité des émotions exprimées. « Wildfires » poursuit cette dynamique en mettant en avant la maîtrise vocale de Vicky : a-t-elle déjà chanté des notes aussi hautes ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle excelle dans plusieurs registres. Sur « Throwback », elle passe d’un style plus proche du rap à une interprétation très rock. Introspectif, le morceau nous plonge dans des souvenirs d’adolescence. Robby démontre lui aussi sa propre polyvalence, en particulier sur « Invisible ». Ici, son flow rap se transforme en un scream des plus metal, ce qui illustre bien la volonté du groupe de ne pas se limiter pas à un seul style et à exploiter tout son potentiel.
La pluralité ne s’exprime pas uniquement via le chant, mais aussi par la musique, un peu plus complexe, moins linéaire et plus diversifiée. Le single « On Repeat » apporte une dimension un peu plus expérimentale à l’album, qui s’amuse à surprendre l’auditeur avec une structure moins conventionnelle, le menant du metal à la pop, en passant par une ambiance synthétique. Les claviers sont beaucoup plus présents, notamment avec un interlude comme « Fever Dream » qui brise la dynamique de l’album avec un moment de répit inattendu. « Masquerade Parade » est sans doute l’un des morceaux les plus percutants, avec des couplets qui se transforment en une véritable battle vocale entre Robby et Vicky. Soutenu par des riffs puissants, ce morceau s’adresse clairement aux fans de metal plus intense et de chant extrême. « In This Carousel » enchaîne directement avec un riff de guitare marquant et nous emporte dans une réflexion sur la dépression, entre puissance et émotion. « Follow Me » conclut l’album. Après un début très heavy, le morceau se termine par une douce mélodie qui reste en tête après la fin de l’écoute.
Loin de n’être qu’une simple collection de nouvelles chansons, cet album a été pensé dans son ensemble, des premières secondes aux dernières notes, en passant par des interludes. Chaque titre possède sa propre identité, son style et son message, mais à mesure que l’on écoute l’album, des liens se tissent, des notes réapparaissent, des mots reviennent en tête…. Si le contraste avec les deux premiers EPs peut être un peu déstabilisant, l’album se dévoile au fil du temps et prend tout son sens. Sicksense offre à ses fans un album rafraîchissant qui bouscule les codes du metal moderne.