Date de sortie : 6 décembre 2024
Label : Season Of Mist
Genre : Dark Metal Progressif
Si vous aimez : Katatonia, Paradise Lost
17 ans après la sortie de leur troisième album The Water Fields, The Old Dead Tree revient sur nos platines avec un nouvel opus généreux composé de 13 titres intitulé Second Thoughts. Un album très attendu par les fans, surtout quand on sait à quel point le parcours de ce groupe atypique n’a pas été de tout repos. Après de multiples départs, une séparation annoncée en 2009, puis un grand retour contrarié par le covid en 2020, The Old Dead Tree renaît de ces cendres avec ce nouveau projet très travaillé aux allures sombres et mélancoliques.
Vouloir réduire le style musical du groupe à un seul genre serait une erreur tant le spectre de leurs influences est large. C’est d’ailleurs ce qui caractérise leur musique depuis leurs débuts : une base très rock à laquelle s’ajoutent des éléments de black metal, de rock progressif, de doom voire de pop-rock. Second Thoughts n’échappe pas à la règle. L’album réussit à équilibrer des passages de pure agressivité et des moments de mélodie beaucoup plus douce. Il y a une dualité musicale palpable entre les riffs de guitare tranchants et une succession d’accords mélodieux rendue possible par la diversité des instruments utilisés. Guitare folk sur « Don’t Waste your Time » et « Better Off Dead », le violoncelle de Raphaël Verguin sur « Solastagia », « Trap » et « Story Of My Life » ou encore le piano sur « Fresh Start » qui instaure une tension à la John Carpenter dès les premières secondes du morceau. Chaque titre est soigneusement arrangé pour créer une ambiance spécifique, voire cinématographique, et ce, grâce à une multitude d’éléments sonores : un chien qui aboie et des bruits de pas sur « Fresh Start », un cheval qui marche sur « Without a Second Thought », le bruit d’un clocher sur le titre « Luke », ou encore un orage qui gronde sur « I Wish I Could ».
L’émotion passe également par la voix de Manuel Munoz, qui, pour l’occasion, a délaissé sa guitare pour se consacrer pleinement au chant. Sa voix, technique et très polyvalente, est capable de couvrir une large gamme de tons, des plus graves au plus aigus, ce qui ajoute de la profondeur et une belle dynamique aux compositions. Manuel Munoz véhicule des émotions fortes, de la tristesse à la rage, et renforce ainsi l’impact des textes par le growl et le chant clair. On notera la présence de special guests, Ludovic Loez (S.U.P) et TC (Regarde Les Hommes Tomber), qui sont venus prêter main-forte sur le titre « The Worst Is Yet To Come ».
Quant aux textes, plusieurs thèmes sont abordés. Deux histoires se distinguent, comme des mini-concepts, et permettent de mettre en lumière la complexité des émotions humaines et la difficulté à surmonter les épreuves de la vie, comme si l’écriture devenait cathartique. Qu’il s’agisse de luttes personnelles dans « Unpredictable » et « Don’t Waste your time », de la fragilité et la résilience sur « The Lightest Straw » et « Better Off Dead », de la culpabilité et de l’introspection sur « Luke » et « Story Of My Life », d’un nouvel espoir sur « Fresh Start » ou encore la lutte contre les défis de la vie sur « Trap » et les impacts du changement climatique sur « Solastalgia ».
The Old Dead Tree nous livre ici un album très sensible, à fleur de peau, qui reflète l’époque dans laquelle nous vivons, l’Homme en proie au doute et aux questionnements. Les instruments et la voix sont orchestrés pour servir les textes dans toute leur vulnérabilité. Les morceaux se suivent d’une manière naturelle et nous poussent à la réflexion face à la nature imprévisible de l’existence. Et s’il était devenu urgent de vivre ?
Cover Art : Henri Lejeune